AMD Radeon R9 Fury X : le GPU Fiji et sa mémoire HBM en test

Publié le 24/06/2015 (Mise à jour le 02/07/2015) par
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Conclusion
En découvrant les résultats de la Radeon R9 Fury X, il est difficile de ne pas être déçu. Support d'une nouvelle génération de mémoire avec bande passante massive, nouveau monstre de 8.9 milliards de transistors avec record de puissance de calcul, recours au watercooling pour repousser les limites thermiques… Sur le papier, nous ne pouvions qu'espérer une victoire de la R9 Fury X face à la GTX 980 Ti de Nvidia, ou tout du moins un match nul. Mais ce n'est pas aussi simple.


Nvidia a frappé fort avec l'architecture Maxwell de seconde génération, qui a permis la mise au point de GPU particulièrement bien équilibrés pour les jeux vidéo. C'est justement ce qui semble faire quelque peu défaut au GPU Fiji qui nous donne l'impression d'être limité en interne par un ou plusieurs goulets d'étranglement. Peut-être un manque de ROP, peut-être des Shader Engines trop gros, peut-être autre chose, nous n'avons pas assez de recul pour en être certains. Mais quelque chose le retient et l'empêche de profiter pleinement de toute la puissance de calcul et de toute la bande passante mémoire à sa disposition.

Cela ne veut pas dire que les ingénieurs d'AMD n'ont pas effectué correctement leur travail de simulation et pris les meilleures décisions possibles pour l'organisation interne de Fiji. En fait, il est probable que les limites techniques des procédés de fabrication actuels et de flexibilité d'une architecture GCN vieillissante aient en quelque sorte imposé ces directions à AMD qui ne correspondent pas à un idéal en terme d'équilibre. C'est d'autant plus dommage que Fiji reste une prouesse technique de la part des équipes d'AMD qui inaugure pour les GPU l'utilisation de larges interposers et de la mémoire HBM. Des techniques de fabrication vouées à se généraliser et qui ont demandé énormément de travail.

En pratique, la Radeon R9 Fury X affiche un gain de 22% en 1440p et de 30% en 2160p sur une Radeon R9 290X telle que celle proposée par Sapphire. C'est insuffisant pour battre la GeForce GTX 980 Ti de référence qui reste en moyenne 12 à 5% sur notre indice moyen suivant la résolution, et les versions personnalisées des partenaires Nvidia enfoncent le clou. Avec un tarif de lancement de 710 €, l'écart de prix face aux GTX 980 Ti ne parait pas suffisant alors que le surcoût face aux R9 390X ou GTX 980 personnalisées parait important, surtout pour une utilisation en 1440p.

Si nous ignorons cette concurrence un instant, tout n'est pas noir pour la R9 Fury X. Elle parvient à proposer un nouveau gain de performances malgré la non évolution du process de fabrication qui reste en 28nm, pousse enfin le rendement énergétique des Radeon vers le haut, et montre qu'AMD est également capable de travailler la finition de ses cartes graphiques haut de gamme. De quoi convaincre sans aucun doute certains passionnés de la marque, même s'ils devront prendre en compte deux réserves importantes.

Tout d'abord, la pérennité de la solution. Si 4 Go de mémoire sont suffisants à l'heure actuelle pour une puce offrant un tel niveau de performance, en mono GPU tout du moins, et que le HDCP 2.2 n'est pas primordial pour le contenu vidéo 4K officiel aujourd'hui, nous ne nous risquerons pas à estimer que ce sera toujours le cas dans 2 ans par exemple. La R9 Fury X s'adresse ainsi plutôt à un public qui met à jour sa carte graphique chaque année.

Ensuite, si le recours au watercooling peut réduire nettement le niveau sonore et la température GPU, il introduit également un sifflement aigu constant lié à la pompe sur les deux cartes que nous avons pu avoir entre nos mains. AMD nous a indiqué à la dernière minute avoir amélioré ce point sur les cartes produites récemment, reste à savoir dans quelle mesure. En attendant si vous y êtes sensibles et/ou que votre boîtier n'est pas très bien isolé, n'oubliez pas que ce sifflement peut être agaçant sur la R9 Fury X.


Terminons par un petit mot sur le futur. Proche de nous tout d'abord avec l'arrivée le mois prochain d'une Radeon R9 Fury équipée d'un GPU Fiji quelque peu bridé et de systèmes de refroidissement classiques. Cette solution pourrait s'avérer très intéressante puisque si AMD désactive quelques unités de calcul alors que le GPU est limité ailleurs, le niveau de performances pourrait rester très proche de celui de la R9 Fury X. Un peu plus tard, la Radeon R9 Nano pourrait également proposer un compromis très intéressant en associant design ultra compact et performances haut de gamme.

Enfin, cette première expérience d'AMD avec la mémoire HBM pourrait se révéler cruciale pour de nombreux produits qui seront introduits par la société l'an prochain, dont bien entendu une nouvelle génération de GPU fabriqués en 16nm ou en 14nm.
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