AMD Threadripper 1950X et 1920X en test : Quelque chose d'Epyc !

Publié le 10/08/2017 par
Imprimer

Avec Zen, AMD a marqué après une trop longue absence son retour sur le premier plan dans le monde du processeur x86. Certes, la copie n'était pas parfaite, mais au-delà des défauts, AMD a réussi à secouer son concurrent de toujours qui a dû bouleverser par deux fois ses plans, en avançant d'abord le lancement de ses futures puces 6 coeurs sur sa plateforme grand public, puis en ajoutant en dernière minute des références 14 à 18 coeurs dans sa gamme Skylake-X. Ce dernier ajout à une gamme qui aurait dû s'arrêter à 12 coeurs est bien évidemment lié à l'annonce de Threadripper. Perdre la guerre - fort futile - du plus grand nombre de coeurs n'était pas envisageable pour la firme de Santa Clara.

D'aucuns argueront que la formule utilisée par AMD pour Threadripper est inélégante. Reprendre un Socket si large pouvant accueillir quatre dies pour n'en activer que deux est particulier. Le choix du TDP, fixé à 180W (le maximum supporté actuellement par les Epyc) ne supporterait en pratique que difficilement l'utilisation de quatre dies sans limiter fortement les fréquences. Cela ne veut pas dire qu'AMD ne s'y risquera pas pour ennuyer son concurrent d'un point de vue marketing, la plateforme le permettrait, mais lorsque l'on regarde les caractéristiques des plus gros Epyc 32 coeurs  qui utilisent les quatre dies pour toujours 180W, la fréquence est bien évidemment plus contenue (2.0 GHz de base et 3.0 GHz en Turbo) ce qui rendrait le positionnement assez difficile pour des plateformes desktop. Le TDP reste un problème et même Intel devra s'y confronter avec ses futurs Core i9 dont les fréquences de base annoncées sont également assez basses (2.6 GHz pour son modèle 18 coeurs, 4.2 à 4.4 GHz en Turbo).

En ce qui concerne le choix d'utiliser plusieurs dies reliés par l'Infinity Fabric, c'est probablement en pratique moins un problème que la vitesse d'interconnexion de cette Infinity Fabric entre deux CCX, assez ironiquement. Globalement, les constructeurs se retrouvent dans des situations complexes pour faire monter le nombre de coeurs et aucune des solutions choisies n'est parfaite. Nous avons pu voir le prix payé par Intel sur ses performances par les Skylake-X avec l'utilisation de son Mesh Interconnect. A chacun ses concessions en pratique pour des résultats qui ne diffèrent au final pas tant que cela.

Pour les deux Threadripper que nous avons pu tester, on voit qu'AMD a poussé les fréquences au maximum, voire un peu trop pour le 1950X qui dans certains cas ne peux pas tenir pleinement sa fréquence dans l'enveloppe thermique qui lui est allouée - on a noté un déficit de performances de 4% dans x264 pour rappel.

Reste que côté performances les Threadripper remuent sévèrement l'ultra haut de gamme. En applicatif, le 1920X annoncé à 799$ n'est que 3% derrière l'actuel plus haut de gamme d'Intel, le Core i9-7900X vendu 200 dollars de plus. Le 1950X, vendu au même prix que le Core i9 est 14% plus performant en moyenne. On ne doute pas que les Core i9 14 à 18 coeurs reprendront les devant, même si là aussi Intel sera confronté à la même question des fréquences et du TDP, tout en étant plus contenu à 165 watts. Et les prix seront tout autres.

Dans les jeux, la situation est un peu moins favorable puisque les deux Threadripper sont devancés par le 7900X, de 3.5% ce qui empêchera AMD de clamer une victoire totale. Le constructeur propose cependant avec Ryzen Master son « Game Mode », qui permet de récupérer les performances d'un Ryzen 7 1800X sur un 1950X, et donc clamer avec quelques astérisques une victoire dans les jeux. C'est là aussi peu élégant, on pourra discuter de l'intérêt pour quelques pourcents, mais la possibilité existe.

Côté reproches, si l'on passera rapidement sur l'offset de 27° appliqué aux températures il est plus nécessaire de s'arrêter sur le cas des cartes mères. Car si les cartes Skylake-X ne sont pas particulièrement données, celles pour Threadripper montent un palier tarifaire supplémentaire avec un ticket d'entrée à peine sous les 400 euros. Certes, les VRM sont amplement dimensionnées, le socket dispose d'un (joli) rail, les slots se multiplient et les lignes PCI Express sont à router en plus grand nombre… mais tout de même !

On peut espérer dans les semaines à venir voir un réalignement, ne serait-ce qu'avec l'offre X299, ce qui nous paraîtrait un minimum. Le surcoût en attendant sera à prendre en compte dans la décision d'achat si vous faites partie de ceux qui sont potentiellement intéressés par cette plateforme.

Car à l'image de Skylake-X, Threadripper n'est clairement pas fait pour tout le monde. Que ce soit par leur prix, leur consommation, ou leur profil de performances particulier, ces deux plateformes s'adressent avant tout au marché applicatif lourd, ceux qui ont besoin de beaucoup de coeurs CPU et pour qui le jeu, bien que possible, n'est pas la priorité première. Sur ce marché restreint, Threadripper secoue fortement une offre Intel trop longtemps esseulée !

Vos réactions

Top articles