Z68 Express, la segmentation de trop ?

Publié le 11/05/2011 à 10:00 par
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Si les processeurs LGA 1155 ont fait l’unanimité lors de leur lancement en janvier 2011, ils avaient marqué un nouveau pas dans la stratégie de segmentation d’Intel. Sur LGA 1156, il était en effet possible d’overclocker tous les CPU par le bus quelque soit son chipset. Sur LGA 1155, il fallait par contre un chipset P67 et un processeur doté du Turbo (Core i5/i7, mais pas i3), voire de Serie K pour ne pas être limité, pour overclocker par le coefficient.

Impossible donc d’overclocker sur une carte mère à base de H67, comme c’était le cas sur les H55/H57. De fait, entre overclocking du CPU et utilisation de l’IGP, il fallait absolument faire un choix, à l’heure même où l’IGP gagnait de l’intérêt avec son accélération du transcodage H.264, le QuickSync, qui se fait certes au détriment de la qualité comme nous l’avons démontré lors de notre dossier.


Intel lance ce jour un nouveau chipset au sein de sa gamme Intel Serie 6, le Z68 Express. Pour faire simple, le Z68 combine les possibilités des P67 Express et H67 Express, à savoir :

- P67 : Overclocking CPU via multiplicateur
- P67 : Possibilité d’utiliser 2 PCI-E x16 (câblés en 2x8)
- H67 : Accès à l’IGP (+ overclocking IGP)


Histoire de donner artificiellement plus d’ampleur au Z68 Express, Intel lui a par ailleurs réservé la dernière nouveauté introduite par les pilotes Intel Rapid Storage Technology 10.5, l’Intel Smart Response Technology, qui permet de combiner un disque dur et un SSD. Également disponible sur les chipsets portables HM67 et QM67, elle ne l’est pas sur le reste de la gamme, un bridage 100% logiciel.

Le principe est similaire aux disques durs hybrides, puisqu’il s’agit en analysant les accès au disque dur de placer les données les plus utilisées sur la Flash. Elle est donc ici disposée sur un autre périphérique physique, mais les deux (HDD et SSD) ne forment qu'un périphérique, de la taille du disque dur, pour le système.

Les gains annoncés en pratique sont impressionnants et le niveau de performance est proche d’un SSD, mais comme c’est le cas avec les disques hybrides ils ne sont pas forcément représentatifs. Forcément, en lançant plusieurs fois le même test de suite, les données sont placées sur le SSD, et leur accès est dès lors bien plus rapide.

Seul problème, il est objectivement difficile de situer le niveau de performance qu’un utilisateur obtiendra … si ce n’est indiquer qu’il sera dans l’intervalle séparant un HDD d’un SSD, plus proche du premier si vous manipulez beaucoup de données, et plus proche du second dans le cas contraire. Mais alors, il sera plus opportun d’opter directement pour un SSD pour le système et les applications les plus utilisées, d’autant que le disque dur secondaire pourra alors être mis en veille. L’intérêt de l’Intel SRT semble donc assez limité … à moins de disposer déjà d’un SSD système et d’avoir un second SSD inutilisé qui traine et qu’on peut alors recycler pour cet usage, chose assez rare.

Il faut noter qu’Intel lance un nouveau SSD pour cette technologie, le SSD 311 Series. Offrant une capacité de seulement 20 Go, il utilise de la Flash 34nm SLC ce qui lui permet d’avoir une endurance de haut niveau mais surtout des performances qui restent bonne avec 115 Mo /s en écriture, là ou un SSD 320 Series 40 Go est à seulement 45 Mo /s. Seul problème, il faut compter 110$, soit le prix d’un SSD de 60-64 Go en MLC.


Afin d’enfoncer le clou sur le côté haut de gamme et multi-fonction du Z68 Express, Intel met également en avant la technologie Virtu de Lucid Logix. Cette surcouche logicielle permet de connecter physiquement l’écran à l’IGP (i-Mode) ou au GPU additionnel (d-Mode) et de passer à la volée de l’un à l’autre, en fonction de l’application, ce qui permet de pouvoir profiter des fonctions de l’IGP tel que le QuickSync tout en n’étant pas limité par sa puissance 3D.

Il faut savoir que Virtu fait baisser de 5 à 10% les performances du GPU en 3D si on passe par l’IGP, une baisse inévitable étant donné qu’il faut recopier le rendu effectué dans le frame buffer de l’IGP avant l’affichage. De plus, il faut que l'application dispose d'un profil dans Virtu, faute de quoi elle tournera sur l'IGP ! Cette configuration n’apportant pas vraiment de gain côté consommation étant donné que même en étant en 2D sur l'IGP la carte graphique n’est pas complètement éteinte, il est plus opportun de virtualiser l’IGP via le GPU pour l’encodage QuickSync, l’impact étant alors négligeable sur les performances et les applications d'encodages gérant le MediaSDK moins nombreuses que les jeux nécessitant un bon GPU ! Le d-Mode est aussi disponible en l’absence de connecteur graphique pour l’IGP sur la carte mère, ce qui sera le cas sur certains modèles.

Bon gré mal gré, les fabricants de cartes mères déjà lourdement impactés par le bug des chipsets B2 vont lancer de multiples cartes en Z68 Express. Ces cartes seront logiquement plus onéreuses que les P67 et H67 existantes, puisqu’il faudra rajouter selon le modèle de départ le surcoût demandé par Intel pour le Z68 mais aussi celui lié à la connectique vidéo supplémentaire ainsi que l’éventuelle licence Lucid Logix Virtu … sans oublier un peu de marge, histoire de compenser les coûts inhérents au lancement. Au final les Z68 devrait être 10 à 30 € plus onéreuses que les H67/P67 !

Vous l’aurez compris, notre premier avis sur le Z68 Express est des plus mitigés. L’adage dit qu’il vaut mieux tard que jamais, mais au lieu de simplement corriger une segmentation abusive entre les plates-formes, Intel ne fait que rajouter de la complexité à sa gamme en positionnant ce qui n’est finalement qu’un H67+ comme la crème de la crème des chipsets pour Sandy Bridge. Il aurait été plus élégant de sortir un nouveau H67 permettant l’overclocking CPU, et d’offrir le Smart Response Technology sur tous les chipsets Intel Serie 6 par simple mise à jour de pilote.

Heureusement, Intel a semble-t-il décidé de changer de politique sur ses prochains chipsets Serie 7, nom de code Panther Point, prévus pour 2012. Les trois déclinaisons H77, Z75 et Z77 devraient d’après les dernières rumeurs permettre d’overclocker et de profiter de l’IGP, les différentiations se situant uniquement au niveau du routage des lignes PCI-E 3.0 du CPU entre 1, 2 ou 3 ports graphiques et de l’Intel Smart Response Technology. Reste par contre à savoir si le QuickSync 2 intégré au futur Ivy Bridge sera accessible directement sans passer par l’IGP ou par une surcouche logicielle tierce telle que Virtu, ce qui serait vraiment un plus. En attendant, il faudra faire avec ce statut quo qui est tout sauf satisfaisant, et payer un surcoût non négligeable si vous souhaitez avoir accès à l’IGP pour une raison ou une autre tout en overclockant. Un choix à bien réfléchir, qui laisse une place importante aux solutions P67 et H67 "traditionnelles" !

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