Comparatif LCD 17'' : 8, 10, 12, 13, 16 ms

Publié le 01/11/2004 par
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Les premiers tests d’écrans LCD sur HFR, en 2001, nous avaient fait d’emblée prendre de la distance avec la caractéristique dite "temps de réponse". Censée représenter la réactivité des écrans plats, cette donnée définie par ISO rapporte le temps nécessaire aux cristaux liquides pour passer du blanc au noir, puis du noir au blanc. On aboutit à un temps en millisecondes, plus ou moins rapide.
Nos tests de l’époque contredisaient déjà les caractéristiques des écrans. Les LCD en 25 ms n’étaient pas forcément plus réactifs que ceux donnés pour plus lents. Loin de là même, puisque c’était finalement un écran 40 ms qui avait remporté nos faveurs. Dès lors, il nous parut nécessaire d’arriver un jour à établir nos propres mesures, seul gage de fiabilité (pensions nous).

Pourquoi une mesure entre gris ?


Au fur et à mesure des essais, nous nous sommes d’abord rendu compte qu’une simple mesure entre blanc et noir n’avait pas grande valeur. C’est tout bête : nous jouons et regardons des films en couleur. Maintenant, qu’est ce qu’une couleur ? Chaque point de l’écran est composé de trois sous-cellules juxtaposées recouvertes d’un filtre rouge, vert ou bleu. Chaque sous-pixel n’est donc qu’une cellule en niveaux de gris qui prend un couleur en fin de course, simplement du fait de la présence d’un filtre dessus. Dès lors, il n’y avait plus qu’à mesurer le temps de réponse entre différents niveaux de gris pour connaître précisément la réactivité d’un écran. Restait un souci : au moment où je formulais cette hypothèse, je n’avais pas les outils nécessaires pour mettre en place une telle mesure. Ce n’est que récemment, début septembre, que nous avons pu publier nos propres mesures. Nous avons alors fait face à un nouveau problème : nos essais pratiques contredisent ce que rapportent les mesures. Nous en avons déduit que notre hypothèse de mesures entre gris ne suffit pas ; la rémanence n’est pas uniquement fonction de la réactivité des cristaux. De fait, il arrive qu’un écran aux temps de réponse entre gris particulièrement rapides soit dans la pratique nettement moins réactif qu’un autre dont les mesures sont moins bonnes. C’est le cas rencontré avec les écrans LG L1920B et Iiyama AS4314UTG. Dans les films, dans les jeux, l’oeil confirme sans ambiguïté que le second est plus réactif que le premier. Les mesures indiquent pourtant l’inverse.

Comment lire les graphiques ?

L’axe vertical est celui du temps de réponse. L’axe horizontal démarre de 0 et monte jusqu’à 255 par incrémentation de 32. Ce sont les indices de couleur. 0 = noir, 255 = blanc. Toutes les valeurs intermédiaires correspondent à des gris plus ou moins sombres. Le dernier axe ne comprend que trois valeurs, 0 (noir), 128 (gris moyen) et 255 (blanc). Ce sont les couleurs de références.

Par exemple, sur l’écran Iiyama le temps de 24 millisecondes trouvé au croisement des couleurs 0 et 96 l’a été sur le test : gris 96 à 0 (0 = noir) + 0 à 96.




Certains temps des graphiques apparaissent à zéro. Quand c’est le cas, c’est soit que la couleur de départ et celle d’arrivée sont les mêmes, soit que la différence de couleur est trop faible pour que le temps mesuré soit communiqué avec certitude. Dans ce cas, nous plaçons le temps à zéro et nous n’en tenons pas compte.

Toutes nos courbes et explications en détail sont disponibles dans cet article.

Les temps de l’écran LG sont nettement plus courts que ceux de l’Iiyama. En conséquence, nous estimons ne pas pouvoir nous baser sur de telles mesures.

De plus, si l’on s’en tient aux seules mesures de blanc à noir et qu’on joue sur l’intensité lumineuse de l’écran Iiyama, le temps mesuré varie de 26 à 35 ms. Le simple fait de jouer sur les réglages de luminosité et de contraste font varier les temps dans une fourchette de 35 %. C’est évidemment bien trop fort pour que l’on puisse conclure quoi que ce soit de telles valeurs.

Notre système était-il fiable ?

Se pose bien sur la question de la validité des systèmes utilisés pour les mesures. Nous n’avons pas les compétences suffisantes en électronique pour monter et qualifier nous même un tel système. Nous avons donc fait appel au leader de l’instrumentation de mesures, qu’il s’agisse de vidéo, d’analyses logiques ou spectrales en temps réel et d’oscilloscopes : Tektronix .
Leur équipe spécialisée dans les mesures de lumière s’est chargée de dériver une sonde existante à leur catalogue, la J1803, retenue pour son capteur photosensible capable d’atteindre une précision de 1 µs (à peu près 1000 fois supérieure à ce dont nous avons besoin). Les autres propriétés de cette sonde, destinée initialement à mesurer des intensités lumineuses, ne sont pas mises à contribution ici. Une légère modification de la carte électronique de cette sonde par Tektronix leur a permis d’isoler la fonction qui nous intéressait et d’éviter un recours à une alimentation externe supplémentaire.
Très précis, le capteur visé s’avère réagir parfaitement quelque soit la couleur du patch dessous, qu’il soit gris, rouge, vert ou bleu. Les temps mesurés sur les canaux en groupé (mesures sur de patchs gris) ou en séparé (rouge, puis vert, puis bleu) sont strictement les mêmes.
Cette sonde est reliée à un oscilloscope haut de gamme, le TDS 3054B (il coûte la bagatelle de 10 000 euros).
Enfin, Tektronix s’est chargé de valider le système avant de nous l’envoyer, ce qu’ils ont fait eux même sur des LCD.
En clair, nous avons fait appel aux meilleurs et ils nous ont fourni leurs meilleurs composants.

Malgré tout leur savoir-faire, les résultats ne sont pas exploitables. Les matériels ne sont évidemment par remis en cause, l’erreur vient de la méthode de mesure. A notre avis, les temps entre gris ne suffisent pas.

Interrogé sur ce sujet, Tektronix nous a dit ne pas trouver ce résultat surprenant. Pour nous l’expliquer facilement, ils font l’analogie entre les écrans et les appareils photo. Ce n’est pas parce que le capteur est le meilleur que les photos seront forcément les plus belles et les plus précises. Dans un appareil photo, il y a aussi une optique et un processeur.
De la même manière, derrière les cristaux on trouve une carte électronique, un processeur graphique, un schéma d’adressage des pixels, etc. Autant de facteurs qui jouent sur la qualité d’affichage.

Depuis 2001, date de nos premiers essais, notre logique a toujours été de ne pas croire les caractéristiques, de ne pas accorder une confiance aveugle aux mesures, de nous baser sur nos impressions visuelles. Une telle démarche a évidemment son revers de médaille. Elle comporte un risque évident de manque d’objectivité. Nous tâchons de le limiter en démontant systématiquement les écrans pour comprendre leur construction, les composants utilisés, recouper les informations, comparer avec d’autres modèles, etc. L’expérience aussi joue. Après quelques 200 tests d’écrans LCD, nous arrivons à reconnaître bon nombre des dalles implantées sans même ouvrir les moniteurs. Mais la validation ultime, c’est vous ! Chaque comparatif est lu par des centaines de milliers de lecteurs désireux de s’équiper et qui souvent suivent nos conseils. Que ce soit en bien ou en mal, vous n’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires. On n’a pas intérêt à vous faire acheter n’importe quoi !
Ouf, comme dit Vincent Cassel dans La Haine : "Jusqu’ici tout va bien...". Nous ne renions aucun test paru à ce jour.

Un p’tit dernier pour la route

Nous avons l’habitude dans nos tests de signaler quand les films affichés sont affectés d’un fourmillement gênant. Et nous mettons ce défaut sur le coup du dithering, une astuce qui consiste à déplacer très vite les pixels pour interpoler des couleurs que les écrans ne connaissent pas en natif.

Il existe une autre théorie. Vous avez peut-être lu que cet effet serait en fait lié à un hachage (également appelé PWM) des néons quand on joue sur la luminosité. Certains constructeurs recoureraient à une coupure temporaire de l’alimentation des néons, variable suivant le niveau de luminosité souhaité. Le scintillement serait ainsi lié à cette extinction / allumage des écrans. Cette explication est séduisante mais elle ne tient pas bien longtemps. Si le scintillement était lié à ce hachage, le clignotement serait uniforme sur la dalle. Il ne l’est pas du tout.
Qui plus est, cette histoire de coupure de l’alimentation ne concerne que les écrans bas de gamme. Or même certains écrans hauts de gamme en sont eux aussi affectés, parce qu’ils opèrent un dithering de 8 vers 10 bits (au lieu de 6 vers 8 pour les écrans 1er prix).

En définitive, le scintillement est bel et bien lié au dithering des écrans.

Allez, la digression a suffisamment duré. Place aux essais des nouveaux moniteurs. Nous sommes d’autant plus heureux de vous les livrer qu’ils se sont montrés plein de surprises, parfois excellentes (ne ratez pas les tests des écrans Belinea et Iiyama !), parfois moins bonnes.
Bonne lecture !
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