CES 2011: la 3D manque de contenu

Tag : CES 2011;
Publié le 17/01/2011 par
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Comme l’an passé, la 3D était à l’honneur lors de ce CES puisqu’elle est devenue un des arguments de vente principaux des fabricants de TVs et que ceux-ci occupent une place importante sur le salon. Malheureusement, si les produits évoluent, le contenu reste rare et les sorties Blu-ray 3D depuis l’an passé se limitent à une poignée de films dont la disponibilité est qui plus est problématique.

Qu’il s’agisse de la cause ou du résultat de cet état de fait, des accords d’exclusivité négociés à prix d’or par les fabricants de TVs entravent l’accès aux quelques films disponibles. Par exemple, si vous disposez d’un modèle Samsung ou d’un PC équipé de 3D Vision et voulez profiter d’Avatar en 3D, c’est officiellement impossible, Panasonic en ayant obtenu l’exclusivité jusqu’en… 2012. Seule solution pour visualiser le messie annoncé de la 3D, le rachat à prix gonflé sur eBay ou le piratage.

Dans le monde du PC, AMD et Nvidia regrettent bien entendu ce manque de disponibilité des Blu-ray 3D puisque la prise en charge matérielle de leur lecture fait partie des nouveautés offertes par leurs dernières gammes. Pour compenser ce manque de contenu, Nvidia est le plus actif et vient d’introduire une section vidéo sur son site 3D Vision Live qui permet aux premiers utilisateurs de caméras 3D de publier leurs créations. Nvidia profite de l’introduction du support de 3D Vision en mode fenêtré dans ses derniers pilotes pour pouvoir afficher de la 3D directement dans une page web. Un support similaire pour 3DTV Play devrait arriver prochainement. Par contre, et c’est le paradoxe de la situation, Nvidia refuse de supporter d’autre matériel que le sien, précisant n’avoir aucune raison d’aider ses concurrents à se sortir de cette impasse.
 


En plus des photos 3D, 3D Vision Live accepte désormais les vidéos 3D.


La disponibilité du contenu n’est cependant qu’un aspect de la problématique de la 3D. Un autre concerne bien entendu l’obligation de porter des lunettes 3D. Autant elles peuvent donner un côté spécial, différent, à une séance de cinéma, autant elles agaceront rapidement la plupart des utilisateurs face à leur TV. Ce frein à l’adoption de la 3D participe probablement lui aussi au manque de films adaptés : la 3D ne représentant actuellement qu’un tout petit marché, la rentabilité immédiate d’une version 3D d’un film Blu-ray est discutable.

C’est probablement pour tenter de s’échapper de ce cul de sac, qui s’apparente à l’histoire de l’œuf et de la poule, que la plupart des fabricants de TVs ont décidé de mettre le paquet sur la 3D sans lunettes lors de ce CES. Si certains parlent d’une disponibilité pour fin 2011 ou 2012, nous restons cependant sceptiques sur l’expérience 3D que seront capables d’offrir ces produits.

Sur TV, la 3D sans lunettes consiste, via un jeu de lentilles, à afficher plus de deux images (entrelacées verticalement et/ou horizontalement) en utilisant un angle de sortie légèrement différent pour chacune. Idéalement positionné, cela permet à chaque œil de voir une image différente. Le problème est que la position de l’utilisateur est difficile à connaître dans le cas des TVs, sans compter qu’ils sont en général plusieurs. Contrairement à une console de jeu, par exemple, la technique doit être complexifiée pour multiplier les angles différents (et donc les positions qui permettent d’obtenir une bonne qualité), voire pour s’adapter en temps réel à la position des yeux des spectateurs. Multiplier les angles pose cependant plusieurs problèmes : la résolution et la luminosité sont réduites et, étant plus étroits, la probabilité qu’un œil croise deux images différentes augmente.


Chez Sony, qui proposait le prototype le plus efficace que nous avons pu croiser à ce jour, 16 angles fixes seraient utilisés, combinés à une résolution de 4k x 2k. Une telle dalle permet de faire plus ou moins disparaître l’impact sur la résolution. La démonstration se faisait cependant dans des conditions particulières : chambre noire et zone de position des spectateurs (1m², jusqu’à 4 personnes) bien maîtrisée. Malgré cela, il suffisait de se déplacer un peu ou de pencher légèrement la tête dans un sens ou dans un autre pour qu’un œil croise 2 images, ce qui fait apparaître une rupture qui impacte l’effet 3D.

Ceci sans compter sur le fait qu’il s’agissait probablement d’une démonstration basée sur un clip spécial dont tous les angles de vue avaient été précalculés. En pratique, ces TVs devront être capables de les générer en temps réel, et ainsi faire face à des difficultés similaires à celles rencontrées par la conversion 2D-3D.

Si la 3D sans lunettes évolue plus vite que prévu, vous aurez compris que nous restons perplexes sur sa réalité pratique à cour terme, tout du moins avec un niveau de qualité suffisant que pour pouvoir dépasser le côté gadget de la chose. Cependant, si la perspective de son arrivée peut participer à pousser les grands studios à proposer plus de Blu-ray 3D, sans rechercher des accords d’exclusivité, les premiers acquéreurs de TVs ou de PCs 3D ne pourront qu’applaudir les résultats de ces prototypes !

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