Bluetooth de A à Z

Publié le 20/09/2000 par
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Bluetooth vs l´armée française

Un problème pourtant subsiste : la fréquence des 2,45 GHz, si elle est libre de droits dans la plupart des pays au monde, est réservée en France à l´armée pour ses communications.

Étant donné qu´il était hors de question que la question de la fréquence exploitée par Bluetooth soit revue pour permettre à la France de profiter de cette nouveauté, le choix était donc le suivant : soit l´armée déménage, soit Bluetooth sera interdit en France. Un coup dur qui fit craindre la mise sur le banc des champions du monde de foot, mais l´agence Nationale des Fréquences (l’ANFR), l´organisme en charge des communications de l´armée, publiait le 12 juillet dernier un communiqué de presse, consultable ici , intitulé "L’Agence nationale des fréquences annonce la disponibilité prochaine des fréquences pour Bluetooth".

Il y était spécifié que "la perspective de voir se développer en France la technologie Bluetooth permettant le raccordement de terminaux et périphériques sans fil est désormais acquise. Le Conseil d’administration de l’Agence nationale des fréquences (ANFR) a approuvé, lors de sa séance du 6 juillet, les conditions d’introduction de la technologie Bluetooth dans la bande 2400 – 2483,5 MHz, comme suite à la demande de l’Autorité de régulation des télécommunications (ART)." 

En revanche, un paragraphe un peu plus loin se voulant rassurant jetait un voile sur la date d´introduction effective de Bluetooth en France puisqu´il y était indiqué que "l’introduction commerciale progressive de Bluetooth à partir du 1er janvier 2001 […] est rendue possible par la proposition du Ministère de la défense".

"L´Introduction progressive" ?!?

La tournure étant pour le moins vague, nous avons pris contact avec l´AFNR (l’Agence nationale des fréquences) pour en connaître les conditions exactes.

En direct de l´AFNR

Nous avons fait le point sur la libération des fréquences autour des 2,4 GHz lors d´un entretien le 12 septembre dernier avec Monsieur Pierre CONIL, chargé du Département Etudes Prospectives à la Direction de la Planification du Spectre & des Affaires Internationales qui nous a confirmé la chose : OUI, la bande de fréquence des 2400 – 2483,5 MHz sera bien libérée au 1er janvier prochain ! 

L´accord signé en juillet dernier entre la Défense et l´ART (Autorité de Régulation des Télécommunications) stipule que nous pourrons utiliser la fréquence chère à Bluetooth, mais, dixit M. CONIL, "sans garantie de protection" et "dans certaines conditions".

Ce sont ces deux points qu´il nous fallait alors éclaircir car elles semblent justifier que certains constructeurs, comme IBM, se désistent quand il s´agit de développer cette technologie en France.

Sans garantie de protection

Les appareils exploitant la technologie Bluetooth travaillent sous trois niveaux de fréquence :

  •  niveau 1, 100 mW

  • niveau 2, 2,5 mW

  • niveau 3, 1 mW

C´est ce premier niveau qui pose problème à l´armée.

Utilisé en extérieur, ce niveau de puissance combiné à la fréquence utilisée risque, dans les conditions actuelles, d´interférer avec les fréquences exploitées par l´armée française et ses faisceaux hertziens de communication.

En théorie du moins, car M. CONIL précise tout de même que "si ce niveau 1 de puissance est effectivement couramment utilisé pour connecter des solutions informatiques du type imprimantes, il ne l´est le plus souvent qu´en intérieur. Ce qui cette fois ne pose à priori pas de problème car pour qu´il y ait croisement des deux signaux, et donc brouillage, il faudrait que le faisceau de l´armée passe à moins d´un kilomètre de l´appareil Bluetooth".

Or si dans la pratique le premier est utilisé exclusivement en zones rurales, grands espaces nécessaires obligent pour les communications, le second le sera quasi exclusivement en zones urbaines.

Ce qui réduit à presque rien les risques d´interférences et de brouillage.

M. CONIL rappelle également que Bluetooth travaille par sauts de fréquences (le système balaie quelques 1 600 fréquences par secondes). "Quand bien même un système croiserait la fréquence d´un faisceau utilisé par l´armée, la coupure occasionnée, s´il y a coupure, ne serait que de l´ordre de la microseconde pour se rétablir immédiatement après."

Dans certaines conditions

Conséquence de ce risque, aussi minime soit-il, les appareils nécessitant une puissance de 100 mW sont pour l´instant interdits sur le territoire français.

Soit dit en passant, cette situation est jusqu´à présent normale dans le sens où l´ouverture de l´accès aux fréquences de 2400 à 2483,5 MHz ne sera effective en France qu´au 1er janvier 2001.

Il convient cependant que cette situation se précise rapidement, ce à quoi s´engage l´AFNR pour laquelle il n´est absolument pas question que ces matériels subissent une interdiction de commercialisation et d´exploitation en France. C´est pourquoi l´accès aux appareils de puissance de niveau 3 est actuellement en cours de réglementation. La situation sera réglée au plus tard d´ici fin décembre et devrait aboutir, dans un premier temps, à une utilisation autorisée en intérieurs, réglementée en extérieurs.

Il leur est d´autant plus impératif de trancher au plus vite qu´un problème similaire avait déjà opposé l´armée et Apple lors de la sortie de la borne d´accès AirPort, la solution de lA Pomme pour relier jusqu´à 10 machines dans un rayon de 50 m à un réseau sans fil ou à Internet.

La situation avait abouti à un accord d´exploitation de la solution alors que les données étaient exactement les mêmes : 100 mW et mobilisation de la bande des 2,4 Ghz. Accord donné d´autant plus rapidement que le nombre d´utilisateurs de réseaux sans fil Apple est un tant soit peu inférieur à celui des utilisateurs de PC.

Quand à la question d´une exploitation dans des conditions totalement libres, soit en extérieurs, il ne saurait en être question avant que l´armée n´ait totalement libéré les plages de fréquences incriminées. Budgets et migration des applications obligent, l´autorisation ne devrait pas être accordée pleinement avant… 2002 – 2003. A moins que le développement de Bluetooth ne prenne une ampleur supérieure aux prévisions actuelles, ce qui obligerait l´armée à intensifier ses efforts.

Pour conclure

En résumé, Bluetooth va simplifier la vie de tout le monde. Celle des administrateurs et des supports techniques dans un premier temps, qui apprécieront de pouvoir déployer des périphériques du type imprimantes sans avoir à chaque fois à configurer les adresses et protocoles des produits. A leur avantage à nouveau, les matériels Bluetooth devraient vite trouver leur place dans les parcs de prêts de matériels tant leur installation est simple. Puis celle des utilisateurs adeptes des agendas électroniques, qu´ils soient de la forme Palm ou téléphones, les connexions sont simplifiés à l´extrême et offrent une souplesse encore jamais atteinte dans les échanges de données. Et enfin, celle des particuliers retors à la lecture des notices pour connecter le DVD au téléviseur ou encore deux ordinateurs entre-eux, pourvu qu´ils soient distants d´une dizaine de mètres seulement.

Bon point également, les annonces de sortie de matériels compatibles Bluetooth se succédant à travers le monde, presque tous les constructeurs hormis Nokia ont déjà fait part de leurs nouvelles gammes équipées de la puce pour la fin de l´année, le coût actuel de 20$ du composant devrait très rapidement chuter comme Intel le prévoit justement. Et Bluetooth rentrer facilement dans les moeurs.

Alors avis aux constructeurs encore indécis : Bluetooth a de l´avenir en France aussi !

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