Bluetooth de A à Z

Publié le 20/09/2000 par
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Les picoréseaux

Pour faire cohabiter les picoréseaux de demain, les puces Bluetooth travaillent par sauts de fréquences sur 79 canaux espacés d´1 MHz. En fonction de l´encombrement des transmissions, émetteurs et récepteurs peuvent changer de canal jusqu´à 1 600 fois par seconde. Les paquets d´information envoyés doivent alors indiquer dans les blocs de contrôle, en plus du périphérique destinataire, la fréquence sur laquelle se trouvera le paquet suivant. Ce qui explique la différence entre le débit théorique d´1 Mbits/s et la pratique à son maximum, soit 2 x 432 = 864 Kb/s dans la cas d´une liaison en mode synchrone.

Outre ce saut de fréquence, un codage sur 128 bits des informations circulant sur le picoréseau vient sécuriser les transactions de données. Ce niveau de protection, grand sujet de polémique en ce moment, est estimé insuffisant par les chercheurs des laboratoires américains Lucent Bell  qui ont confié au New York Times  que les données transmises selon la norme Bluetooth sont facilement interceptables et décodables.

Cette affirmation est bien-sûr réfutée par Ericsson qui considère les produits comme suffisamment sécurisés. Il ne sera donc pas question de modifier les appareils fonctionnant avec la première version de Bluetooth, ce qu´avait déjà annoncé Toshiba à propos de ses périphériques à venir d´ici la fin de l´année. Malgré ce démenti haut et fort, cela n´a pas empêché Peter Bodor, responsable technique chez Ericsson Suède, de nous confirmer que la sécurité étant une priorité pour eux, il serait question que soit revu l´algorithme dans les versions à venir de la norme.

Mode d´emploi

Pour qu´un picoréseau s´établisse, chaque appareil doit posséder sa puce Bluetooth. Pour les ordinateurs, plusieurs solutions existent déjà. Certains portables, les plus récents, en sont déjà munis en série. C´est le cas pour les nouvelles gammes d´IBM, de Toshiba et bientôt de Dell. Dans le cas contraire, <a target="_blank" http://www.mot.com/bluetooth/products/index.html">Motorolla propose d´ajouter une carte au format PCMCIA pour disposer de la compatibilité Bluetooth. Enfin, pour les ordinateurs démunis de ce slot d´extension, il en existe également une version USB. Un CD-Rom vient ensuite assurer l´installation de la liaison. Une fois celle-ci établie, les appareils présents sur le picoréseau apparaissent à l´écran. Pour transférer ou télécharger des données, il suffit alors d´ouvrir l´icône du périphérique visé et de glisser les fichiers dans l´emplacement visé.

Les actualisations et mises à jour devraient être possible et se faire depuis l´ordinateur. Enfin, nouvel atout pour Bluetooth si on le compare à l´infrarouge : quand bien même son débit est aujourd´hui très inférieur (1 Mbits/s contre 16 Mbits/s), son champ de vision est plus important (360 degrés) et il supporte une distance de 10 m contre 1 m pour l´infrarouge.

Fréquence et puissance, deux facteurs de dangers

2,45 GHz… Les fréquences mises en jeu par Bluetooth sont les mêmes que celles utilisées dans nos micro-ondes dont le principe même est de provoquer une activation des vibrations des molécules d´eau et d´entraîner un échauffement des tissus. Le consortium rassemblant ses géniteurs se veut pourtant rassurant : étant donné la petite portée de ces appareils (10 mètres) et la faiblesse de la puissance utilisée (100 mW au maximum), la puissance électromagnétique reçue par les utilisateurs reste extrêmement limitée et ne présente aucun danger.

Il nous manque en fait une donnée pour donner un avis définitif, bien que relatif, sur la dangerosité réelle de l´utilisation de périphériques Bluetooth : le taux d´absorption des micro-ondes par les tissus pour chacun des matériels, généralement exprimé en watts par cm2. Questionnée sur la question par nos soins, la réponse assez vague que nous avons reçue de la part de Lydia Ferrada, responsable commerciale chez Ericsson France, est que le dégagement en W/cm² d´un seul four à micro-ondes serait comparable à celui de 1 000 téléphones portables. Soit quasi nul. Or cette donnée est d´autant plus intéressante que c´est suivant cette valeur, elle représente la quantité d´énergie reçue par centimètre carré de surface du corps, qu´est accordé ou refusé l´agrément de sortie des fours à micro-ondes. Les normes de sécurité en vigueur, pour un four sortant du magasin, établissent que le taux de fuites ne peut pas dépasser 5 mW/cm² à 5 cm de la porte, et 0,125 mW/cm² à un mètre, distance à laquelle il est conseillé de se tenir lorsqu´on fait fonctionner le four et distance à laquelle un utilisateur se tient en général de son ordinateur. En principe, il faudrait donc que tous les matériels informatiques dotés de la puce indiquent clairement eux-aussi cette valeur et que celle-ci soit inférieure aux valeurs tolérées pour les fours.  

Un point s´avère rassurant : L´Organisation Mondiale de la Santé  (OMS ou WHO pour World Health Organisation) s´est penché lui-aussi sur la question de la nocivité réelle des micro-ondes sur l´organisme, sans pour autant l´avoir encore posé en tenant compte de cette nouvelle donnée qu´est Bluetooth. Les conclusions actuelles , rapportées par la voix du Professeur Jürgen Bernhardt, Président de la Commission internationale de Protection contre les Rayonnements ionisants (ICNIRP), une organisation non gouvernementale reconnue par l´OMS qui établit des limites d´exposition aux champs électro-magnétiques, est que "seuls les CEM [note de HardWare.fr : champs électro-magnétiques] de fréquence extrêmement élevée, comme les rayons X et gamma, peuvent provoquer une ionisation, avec le risque éventuel de cancer que cela implique. Même les champs RF [note de HardWare.fr : dont fait partie la bande des 2,45 GHz] de forte intensité émis par les stations de base de téléphone mobile, ou les champs électriques et magnétiques intenses générés par les lignes à haute tension ne peuvent provoquer d´ionisation dans les milieux biologiques, comme les cellules, les plantes, les animaux ou l´homme". Cependant l´étude continue car s´il n´est effectivement pas question "d´ionisation dans les milieux biologiques", les conclusions de cet expert ne lui permettent pas pour autant d´affirmer que les risques encourus par les utilisateurs sont absolument nuls.  

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