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Intel Custom Foundry prend une licence ARM !

Publié le 17/08/2016 à 16:25 par Guillaume Louel

ARM l'a confirmé par un post de blog  : Intel Custom Foundry, l'activité fabrication tiers d'Intel, est désormais détentrice d'une licence ARM Artisan pour le 10nm !

Il faut rappeler qu'Intel est plutôt un cas à part dans le monde des semi-conducteurs, étant l'une des rares sociétés à disposer de ses propres usines, utilisées quasi uniquement pour la production de ses propres puces. La plupart des autres acteurs du marché ont migré vers la séparation de l'activité design d'un côté (on parle de sociétés fabless, c'est le cas dans le monde du GPU avec AMD et Nvidia), et de l'autre la fabrication dans des sociétés tierces spécialisées (on parle de foundry, la plus connue étant TSMC qui fabrique des puces pour de multiples clients).

Avec la difficulté de la mise au point des nouveaux process de fabrication, qui n'a fait qu'empirer ces dernières années, il est de plus en plus complexe pour une société à elle seule de justifier l'investissement nécessaire pour faire évoluer sans cesse ses usines. Qui plus est, la réduction de la taille des transistors fait que la capacité des usines augmente d'année en année, et qu'il faut disposer de très larges volumes de puces à produire, au risque de voir ses usines tourner à vide.

Un casse tête qui aura poussé plusieurs sociétés à se séparer de leurs usines (pour des raisons différentes) d'abord AMD en 2009 (créant GlobalFoundries) et plus récemment IBM (dont l'activité fabrication à été rachetée elle aussi par GlobalFoundries).

Depuis quelques années, en plus de fabriquer ses propres puces dans ses usines, Intel a décidé d'entrer très timidement, en 2010, sur le marché des fondeurs tiers en ouvrant son process à de petites sociétés qui n'étaient pas en concurrence directe avec ses produits (le premier client était Achronix, designer de FPGA en 22nm). D'autres clients ont suivi, principalement sur les FPGA, le client le plus connu d'Intel ayant été Altera... même si au final Intel aura décidé de racheter son client à la mi-2015 !

Pour Intel, la nécessité d'ouvrir ses usines est un casse tête. D'un côté, la société tente d'être présent sur tout les marchés, en déclinant le x86 - technologie "maison" sur laquelle la concurrence est limitée - à toutes les sauces et avec un soupçon de recyclage, que ce soit avec des produits serveurs spécialisés comme les Xeon Phi basés sur des Pentium pour leur première génération, ou les Quark dédiés à l'embarqué et utilisant une architecture de 486 datant d'une bonne vingtaine d'années !

Si l'envie de la société d'être présente sur tous les marchés est là, en pratique les succès ne sont pas systématiquement au rendez vous, Intel ayant par exemple massivement raté le marché des smartphones. Cumulé à la baisse continue des ventes sur le marché historique des PC, l'ouverture des usines à des clients tiers se dessine de plus en plus comme une nécessité pour Intel, même si l'avouer semble impossible à la société, qui continuait donc d'envoyer des signaux mitigés aux possibles futurs clients de son activité fabrication.

Avec l'annonce d'aujourd'hui, les choses sont - peut être - en train de changer puisque la prise de licence ARM par Intel est tout sauf anodine. Ce n'est pas la première fois qu'Intel fabriquera des SoC ARM, on l'avait vu avec Altera qui utilisait un core ARM dans un usage très spécifique.

La licence Artisan Physical IP  inclut en effet toutes les briques nécessaires pour la création de puces ARM de tout types. Il s'agit de tous les blocs de base avec des bibliothèques haute densité et haute performance de transistors logiques,et également tout le nécessaire pour les différents types de mémoire. La licence inclut surtout POP IP, qui est pour rappel l'idée qui fait le succès d'ARM : permettre l'utilisation de blocs interchangeables et compatibles pour créer des puces custom. Ainsi un client peut choisir d'utiliser des coeurs CPU dessinés par ARM (les gammes Cortex) ou créer ses propres coeurs (c'est le cas d'Apple et plus récemment de Nvidia), de choisir un GPU (que ce soit les Mali d'ARM, ou les populaires PowerVR d'Imagination Technologies), et également de choisir son fournisseur pour les interconnexions.

Concrètement, Intel va donc "porter" ces bibliothèques d'ARM aux particularités de son futur process 10 nm, ce qui permettra aux partenaires d'ARM de porter à leur tour - s'ils le souhaitent - leurs blocs POP IP. ARM et Intel travailleront conjointement pour le portage de deux futurs blocs CPU ARM Cortex-A (probablement un autre successeur 10nm de l'A72, voir l'annonce de l'A73 en 10nm lui aussi), la déclinaison que l'on retrouve dans les smartphones et tablettes.

Faut il y voir un virage pour Intel ? Fabriquer des puces ARM pour smartphones, ce qu'ils feront pour LG (nouveau client annoncé dans la foulée) va forcément à l'encontre des ambitions internes d'Intel d'imposer le x86 sur mobile. Car si un peu plus tôt dans l'année Intel avait décidé d'annuler sa nouvelle génération de SoC pour smartphones (Broxton et SoFIA), le constructeur continuait en interne à travailler sur les générations suivantes tout en essayant de développer dans l'intérim son activité modem (Intel aurait possiblement gagné le marché du modem du prochain iPhone). A l'heure où ARM augmente ses ambitions pour aller attaquer le marché juteux des serveurs, on peut se demander jusqu'où ira réellement l'ouverture d'Intel.


Un futur CPU ARMv8 24 coeurs de Qualcomm

En fabriquant des puces concurrentes, Intel s'ouvre à des comparaisons directes qui pourraient être assez défavorables à ses architectures x86, assez peu adaptées à la basse consommation. L'avantage supposé du process d'Intel, s'il existe, ne pourra plus jouer en la faveur de ses propres solutions pour compenser un éventuel déficit architectural. La structure de marges d'Intel, là aussi très différente de celle des fondeurs tiers, posera là aussi rapidement problème.

Qui plus est, en obtenant la licence Artisan d'ARM, Intel va devoir partager tous les détails techniques, y compris les plus secrets, de son process en ce qui concerne les règles et les dimensions exactes des transistors, ce qui va l'exposer là aussi à une comparaison directe avec les autres acteurs installés du milieu (comme TSMC et Samsung). Il faudra un peu de temps pour mesurer les conséquences concrètes de tout cela, car cet accord ne concerne que le 10nm, un process pour rappel en retard et qui n'est prévu chez Intel que pour la fin de l'année 2017 en version mobile. Les dernières nouvelles du 10nm, sur lequel Intel ne communique pas, n'étaient pour rappel pas particulièrement rassurantes avec l'arrivée possible sur sa roadmap de puces 14nm... pour 2018.

Intel pourrait racheter Altera

Tags : altera; ARM; Intel;
Publié le 30/03/2015 à 11:28 par Guillaume Louel

Alors qu'Intel tente de développer une activité « foundry » depuis plusieurs mois, une rumeur persistante circule depuis quelques jours, culminant avec le Wall Street Journal  : Intel serait en négociations avancées pour racheter Altera. Cette société qui développe des FPGA et des SoC était devenu en 2013 l'un des clients d'Intel pour son activité de fondeur en 14nm. Parmi les produits qui avaient été annoncés, on trouvait notamment des cores ARM.


Un rachat qui pourrait être coûteux puisque la capitalisation boursière d'Altera monte à 13,36 milliards de dollars au moment où nous écrivons ces lignes (celle d'Intel étant de 151,55 milliards). D'un point de vue stratégique, Intel souhaiterait renforcer son activité serveur en proposant des solutions FPGA dédiées, un marché sur lequel Altera et Xilinx (son principal concurrent) commençaient à se placer notamment dans des solutions ARM + FPGA qui viendraient concurrencer une partie de l'offre Xeon de la firme de Santa Clara. Il sera intéressant de voir - si ce rachat se confirme - si Intel continuera d'utiliser des cores ARM (Altera en utilise principalement) ou s'il souhaite faire pivoter l'offre d'Altera vers du x86 au fil du temps, et si oui avec quels cœurs basse consommation.

Racheter un de ses clients est dans l'absolu un drôle de signal, qui pourra jeter quelque peu le trouble sur la volonté réelle du constructeur de développer réellement cette activité de fondeur.

Intel fabriquera des ARM 64 bits pour Altera

Tags : altera; ARM; ARMv8; Intel;
Publié le 29/10/2013 à 20:33 par Guillaume Louel

Nos confrères d'EEtimes  pointent aujourd'hui une conséquence surprenante de la stratégie « foundry » d'Intel. Le constructeur dispose pour rappel d'une petite activité de production de semi-conducteurs pour des sociétés tierces, qui avait commencée avec Achronix en 2011. La société avait alors profité du process 22nm d'Intel pour construire ses FPGA (Field Programmable Gate Array, des puces flexibles qui peuvent être reconfigurés pour une tache précise après leur fabrication). D'autres sociétés présentes sur le marché des FPGA comme Tabula ou, plus récemment, Altera, ont par la suite rejoint Intel. Dans le cas d'Altera, l'accord signé avec Intel en février 2013 donnait même un accès exclusif à cette société au process 14nm pour la production de FPGA chez Intel (Altera s'engageant en échange à ne pas produire ailleurs en 14nm, auparavant Altera était client de TSMC).


Historiquement, les FPGA d'Altera ont proposé pour certains modèles des processeurs ARM ajoutés et si le doute planait fortement sur ce que produirait pour eux Intel, le communiqué de presse publié aujourd'hui par Altera  confirme la donne pour la prochaine génération : les futurs SoC Stratix 10 (version SX ) qui seront fabriqués par Intel en 14nm intègreront directement un Cortex A53, un processeur ARM quadruple cœurs utilisant l'architecture 64 bits ARMv8 (voir cette actualité). Un petit séisme même si en juillet dernier, Brian Krzanich avait évoqué la possibilité de fabriquer des ARM pour un « très bon client ». On pensait cependant qu'Intel eut visé un peu plus haut avant d'ouvrir ainsi ses usines à la fabrication de SoC ARM !

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