Creative Labs Jukebox

Publié le 22/09/2000 par
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Le SDMI kézako?

SDMI est le signe de Secure Digital Music Iniative. mais le sigle regroupe en fait une sorte d´association similaire au DVD Forum formée par pas moins de 175 sociétés dont notamment Adpatec, Yamaha, Hitachi, AT&T, Creative ou encore Guillemot, et également bien entendu des majors du disque comme EMI ou Sony Music. le but de cette association n´est pas de produire un format de fichier musical spécifique mais d´établir des règles de fonctionnement des appareils du type des lecteurs MP3 portables afin que le respect des droits d´auteurs soit assuré. Les 175 sociétés mettent ainsi leur savoir faire en commun afin de protéger le porte monnaie de Britney Spears ou de Francis Cabrel ainsi que celui de leur maisons de disques respectives. Jusque là rien d´extraordinaire ni de choquant et qui ne peut à priori qu´aider les magasins et les maisons de disques à vendre de la musique en ligne, ce qui représente l´avenir est la condition sine qua non de survie de ces dernières. Le problème, à mon sens, est que les règles jusqu´alors établies par le SDMI sont excessivement rigides et vont à l´encontre des droit individuels et de la propriété privée. En effet, si les appareils à venir du type du Jukebox respectent l´intégralité des desiderata de la compatibilité SDMI nous allons nous retrouver avec de superbes lecteurs bourrés de technologie mais offrant moins de liberté qu´un simple walkman cassette à 99 Frs. Voici, afin que vous puissiez en juger par vous même un extrait traduit du data sheet d´introduction aux spécification SDMI :

- Un fichier compatible SDMI est astreint à certaines règles en terme de copie et du nombre de fois qu´il peut être joué (peut être fixé sur une infinité)
- Une solution compatible SDMI doit être composée de deux éléments absolument séparés, le Compressed Audio Server (ou LCM pour Compressed Compliant Module) et le Compressed Audio Client (ou PD pour Portable Device).
- Les transferts de contenu audio sont en sens unique serveur à client.
- Tout contenu doit être compatible SDMI 
- Un lecteur SDMI 1.0 (le rêve de tout bureaucrate SDMImaniaque) ne doit pas accéder de contenu non protégé 
- Tout média inséré dans le lecteur doit être compatible SDMI
- L´extraction d´un média amovible est permise uniquement si les fichiers présents sur le médias ont un nombre de copies autorisées supérieur à zéro
- Un lecteur ne peut recevoir de contenu que de la part d´un appareil intégrant le SDMI
- Tout enregistrement devra être limitée au son mono avec une dégradation (-3 dB à 100 Hz et -60    dB à 8 Khz) et être converti à la compatibilité SDMI
- Le contrôleur du lecteur portable doit être absolu fermé et encrypté afin de protéger l´algorithme de protection

Voilà un court et édifiant extrait de ce que nous prépare l´avenir en termes de protection des droits d´auteurs et de restrictions des droits de l´utilisateur. Il est clair que l´anarchie actuelle en terme de facilité de copies et de downloads risque à terme de porter préjudice aux artistes mais il me semble qu´il existe un juste milieu  entre la dictature et l´anarchie. Partant du principe que ce n´est pas tant les libertés qu´on a mais ce que l´on en fait qui compte, le SDMI pourrait se permettre un brin de souplesse supplémentaire. Et peut être réinventer le mode de distribution de la musique tout en acceptant l´inévitable, c´est à dire l´échange gratuit de la musique entres les personnes proches.

Car si l´on s´en tient à aux règles strictes exposées ci-dessus cela fait régresser le champs d´utilisation de nos appareil portables (chers payés) en deçà de ce que l´on peut faire avec un walkman muni d´un microphone ou d´une chaine Hifi dotée d´une platine CD et d´un lecteur enregistreur de cassettes. Or il me semble que jusqu´à présent l´industrie du disque n´est pas à proprement parler sur la paille est qu´elle ne fais que nous refaire le coup éculé du cri au loup dés qu´un nouveau support ou format de fichier apparaît sur le marché. Sauf qu´ils doivent en plus rattraper en route un train à grande vitesse nommé Internet et ses wagons de MP3. Nos parents ont connu les joies des premières cassettes audio enregistrables sans pour autant tuer EMI, Sony ou Virgin qui gonflent leurs ventes et leur bénéfices chaque année, pourquoi en venir tout à coup à une régulation stricte?

D´après les simples extraits ci dessus cela signifie par exemple qu´un musicien créant de la musique sur son PC ne pourra pas l´exporter sur un lecteur portable SDMI 1.0, ce qui n´est heureusement pas le cas sur le Jukebox. A moins que le process de watermark du fichier soit accessible par les utilisateurs finaux? On en doute étant donné que cela permettrait sans difficulté de contourner la protection sur tous les autres fichiers. Pour finir, le Jukebox n´est apparemment que partiellement touché par les règles très rigides du SDMI car il accepte toute forme de contenu, licite ou non. Il est toutefois dommage qu´un appareil aussi sophistiqué que le Jukebox ne soit pas aussi capable d´enregistrer dans son format de prédilection et qu´il ne puisse pas échanger d´autres fichiers que des wav non compressés. Notons enfin que le groupe SDMI avait mis jusqu´au 15 septembre au défi la "communauté des hackeurs" de décoder son algorithme de protection et fixé un prix de 10 000$ que recevrais la première personne réussissant cet "exploit". Cette provocation un peu ridicule était surtout un moyen détourné de voir avant le lancement du SDMI quelles pouvaient être les failles (il y en a toujours) de sa technologie. Les réactions ont été nombreuses et la plus remarquable est celle du  LinuxJournal  qui a appelé au boycott de ce concours.

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