LCD 22 pouces : 3ème fournée !

Le cas à part : Samsung SyncMaster 2232BW

Samsung SyncMaster 2232BW
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Ça recommence... serait-on tentés de dire. C'est vrai, mais pas complètement. Samsung a tiré des leçons de la mésaventure de son 226BW. "La polémique sur ses dalles a tué le produit" nous a-t-on expliqué. Samsung Corée a donc fait plancher ses ingénieurs sur celui amené à remplacer le 226BW, décrédibilisé. Le résultat, c'est ce 2232BW.

Ce qui change par rapport au 226BW

Corrigé : la différence de rémanence entre les deux versions S et C. Ils ont réussi à mettre les deux moniteurs au même niveau. Après, on regrettera que ce soit autant par un nivellement par le bas de l'un que par une rectification de l'autre. Pour y parvenir, Samsung a du réduire l'intensité de son overdrive, et par là même son efficacité. Nos tests le montrent bien, mais avant même de sortir nos appareils, nos yeux l'avaient instantanément détecté. J'avoue : je ne suis pas représentatif. La réactivité du 2232 est à mi-chemin entre celle des bons 2 ms et celle des 5 ms. C'est très correct, mais il y a plus rapide ailleurs – sur le Iiyama par exemple. En tout cas, ceux qui tomberont sur la version C ne seront plus face à ce problème d'image fantôme noire relevée lors des tests des 226BW alternatifs.

Non corrigé : le rendu des couleurs par défaut. La version en dalle CMO tire globalement vers le bleu. Il est possible de la corriger en partie manuellement, mais ça reste imparfait. Idéalement, il faudrait calibrer, avec une sonde, chaque écran. Qui a 300 € à mettre dedans, pour régler un écran lui même à un prix similaire ? Honnêtement, personne. Alors nous allons tricher : voici son profil . Ne le dites à personne, nous n'avons pas le droit de le communiquer. Les profils créés sont et restent la propriété de LaCie, dont nous utilisons le colorimètre (le Blue Eye Pro mis à jour). Chuuuuut !!!

Se pose alors la question essentielle :

Comment reconnaît-on une version Samsung d'un CMO ?

Quoiqu'en fait, c'est une fausse question car personne n'est sur des origines des dalles à 100%. Pas nous en tout cas. La vraie question est : comment reconnaît-on les meilleurs 2232BW ?
La meilleure réponse est : à l'oeil. Les couleurs sont-elles justes ou posent-elles problème ? A noter que, même si c'est hautement probable, la corrélation "couleurs fausses / CMO" n'est pas prouvée. De même que la "recette" à partir du menu caché ne repose que sur des expériences utilisateurs, dont on connaît déjà quelques exceptions. Il n'y a rien d'automatique ni de systématique avec elle. Néanmoins, souvent la recette fonctionne bien. La voici :

Mettez contraste et luminosité à zéro, puis pressez le bouton Source pendant 5 secondes. Visez la ligne Panel info. Il y est écrit une phrase incompréhensible, du genre M-ME22W0BAA-1002. Il faut s'attaquer aux trois lettres en gras, à celle du milieu en particulier, dont on déduit (en l'état des connaissances actuelles) :

xAx-xxxx : dalle Samsung.

xLx-xxxx : dalle AU Optronics.

xDx-xxxx : dalle CMO.

xIx-xxxx : dalle CPT.

Souvent, c'est juste. Souvent. Pas toujours.

Pourquoi deux ou trois versions de cet écran ?

Donc oui, Samsung de nouveau fait appel à des dalles de sources différentes. Cette fois ils le reconnaissent tout de suite d'ailleurs. La raison plus ou moins officielle qui tourne, du moins ce qui a été répondu à certains qui posaient la question au SAV du constructeur, c'est que les dalles S (Samsung) sont censées être montées dans les unités à destination de l'Europe (au moins occidentale), les A (AU Optronics) pour l'Amérique (désolé, nous n'avons pas testé cette version) et les C (CMO) pour l'Asie. Pourquoi une telle répartition ? Difficile d'y répondre.

Mais pourquoi des versions C se retrouvent-elles sur un marché qui ne leur était pas destiné ? Samsung évoque le grey market. Entendez que le succès du moniteur est tel que Samsung n'arrive pas forcément à fournir les demandes des grossistes et des enseignes. Certains seraient parfois tentés d'aller se servir en Asie, qui, elle, répondrait aux demandes. On peut aussi se demander au passage si le prix du 2232BW C en Asie est le même que celui du 2232BW S en France. Entre la différence de dalle et l'écart euro/dollar actuel... Forcément, il peut être tentant de proposer des versions C au prix des S.

Le point de vue de Samsung

Dès le départ, dès l'apparition des premières rumeurs, nous avons laissé des messages – sans réponse - à Samsung pour savoir si oui ou non tout allait recommencer. La première réponse, nous l'avons reçue à la suite d'un nouveau message : nous recevons demain le 2232BW en dalle CMO d'un lecteur. En substance, cette réponse fut : "nous découvrons le problème avec votre appel, nous allons enquêter. Il n'est pas question qu'une histoire comme celle du 226BW recommence. Elle a tué l'écran, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire rectifier les choses si défaut avéré il y a".

"Défaut" nous avons relevé. Des rectifications nous avons proposées. Quel retour avons-nous eu de la part de Samsung qui prend cette affaire tellement à coeur ? Désolé, depuis, aucun.

Au préalable, ils nous avaient fait aussi une autre réponse lors de notre unique entretien à propos de ce 2232BW. C'était : pourquoi nous épinglez-vous ainsi, alors que tout le monde procède ainsi ? Aux dires du représentant, tous les constructeurs joueraient le jeu de la valse des dalles. Vrai ? Bien sur que non... Qui écoule plus de 10 000 pièces par mois d'un écran au point d'être contraint de jouer sur les sources de dalles pour répondre aux demandes ? Samsung, LG, Dell aussi. Point commun de ces trois marques : nous les avons toutes trois épinglées sur des soucis de valses. La palme ne revient même pas à Samsung, mais à LG dont le L2000C avait réussi l'exploit d'être successivement équipé de dalles IPS, VA et TN, tout en conservant à chaque fois le même nom !

Mais les autres, les Iiyama, Belinea and Co, qui sont ravis d'écouler 2000 modèles d'une référence par mois, jouent-ils aussi à cela ? Non. Ou alors très rarement. En temps normal, ils achètent un stock de dalles, ils produisent les moniteurs correspondants jusqu'à épuisement du stock. Puis changement de gamme. Avantage de ces plus petites structures : ils sont également plus réactifs quand un gros problème se pose. Par exemple, suite à nos premiers essais, le tout dernier Hyundaï W240D s'est révélé très décevant. Sa production a été suspendue dans le mois qui a suivi. Changement de dalles, rectifications. Le W240D reviendra prochainement en v2 avec des composants bien meilleurs, au vu des premiers résultats sur l'unité corrigée reçue. Même un écran à très gros succès comme le 10 20 35W de Belinea n'a pas changé de dalle en 3 ans !

Nous avons soulevé ce point de vue à Samsung qui en a convenu, et répondu qu'ils ne jouent pas dans la même cour, que les ordres de grandeur n'ont rien à voir. Effectivement. Mais du coup, ça pousse à aller vers les petits si chez eux on a l'assurance d'avoir ce qu'on cherche...

La réponse ultime : l'argument de Samsung qui tue (avec raison !)

Dernier sujet évoqué lors de notre (longue) discussion : Samsung se demande à quel point nous ne jouons pas les petites bêtes trop curieuses, si à la fin nous n'attachons pas une importance démesurée à un problème relevé selon eux par personne d'autre que nous. Ils nous ont clairement indiqué en effet que, en dehors de nos articles, puis d'autres qui se sont appuyés dessus mais sans tester les versions équipées de dalles tierces incriminés, personne ne s'est plaint de leurs écrans ! D'après eux, les utilisateurs se sont mis à retourner au SAV des moniteurs sous le seul prétexte que nous annoncions que les CMO étaient moins satisfaisants que les Samsung, sans que les personnes en question n'aient les capacités pour le vérifier elles-même. Forcément, nous en sommes pas d'accord avec eux. Mais que dire quand ils nous répondent que dans le cas du 2232BW, personne, pas un coup de fil, ni de client, ni de boutique, n'avait été passé par qui que ce soit auprès de leur SAV ou de leur direction pour se plaindre de soucis relevés sur ce nouveau modèle ? Et là, ils ont raison. Ils nous faut sérieusement nous poser la question : sommes-nous un poil à gratter qui perd complètement pied avec la réalité, qui ne correspond plus aux attentes normales de nos lecteurs ?

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