Comparatif : photo numérique > 8 000 F

Publié le 31/08/2001 par
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Minolta Dimâge 7
Le Dimâge 7 alimente depuis quelques mois les fantasmes des spécialistes de la photo qui l´attendaient depuis la PMA 2001 (en février dernier) comme le messie. Certains considèrent qu´avec lui arrive enfin le premier numérique grand public véritablement comparable à un argentique. Leur calcul est simple : une photo réalisée en 2 560 x 1 920 pixels imprimée en 300 pixels par pouces (ne pas confondre avec la résolution de l´imprimante jet d´encre exprimée elle en points par pouces, soit en gouttes d´encre par pouces) mesurera sur papier 21,7 x 16,3 cm. Pour peu que vous soyez doté d´une imprimante photo digne de ce nom, l´épreuve est en effet très convaincante, bluffante si vous travaillez avec un modèle dernier cri type Canon S800.

Si vous avez suivi nos précédents articles consacrés à la photo numérique, vous aurez remarqué que je n´ai pas manqué d´égratigner Minolta sur ses précédents produits (Dimâge 2330 et E201). Le constructeur était d´ailleurs conscient des lacunes de ses appareils : ceux sortis courant 2000 et début 2001 n´étaient plus du tout à la hauteur de sa réputation. Il leur fallait donc redresser la barre au plus vite et démontrer qu´ils possédaient toujours le savoir faire nécessaire. C´est maintenant chose faite avec l´heureux venu Dimâge 7, un appareil au sein duquel tout ou presque de ce qui se fait de mieux a été rassemblé. Contrôles manuels, bague de zooming 7x, grand angle (c´est en équivalent 35 mm un 28 – 200 mm) assez lumineux ( grand angle : F2.8 - F8, télé : F3.5 - F9.5, même si un F2.0 - F2.5 comme le G2 aurait été bien préférable), capteur 5 Mpixels, support mémoire Compact Flash compatible IBM Microdrive (170MB, 340MB, 512MB, 1GB), etc. Bref, de quoi combler en principe à la fois les utilisateurs avertis et les professionnels peu désireux de mettre 15 000 francs ou plus dans un appareil trop vite dépassé et à remplacer l´année suivante.


Qualité
Vous en conviendrez si vous avez lu les précédentes pages, le D7 n´est pas l´appareil offrant le meilleur piqué, mais ses photos sont systématiquement parmi les meilleures. La palme de la qualité en grand angle revient effectivement, de peu, au Nikon Coolpix 995. En revanche, les choses changent dès que le zoom est mis à contribution. C´était logique, ne lui résiste plus ici que le C-700 d´Olympus, un appareil doté d´un zoom 10 x, lui aussi privé de stabilisateur.

Il est intéressant de noter que les piles destinées à alimenter l´appareil sont placées à l´horizontale sous l´écran TFT. Cela tend à déséquilibrer l´appareil vers la gauche si vous préférez viser à l´aide de l´écran TFT. Si on utilise le viseur numérique, ce qui dans mon cas s´avère de plus en plus fréquent, la partie gauche de l´appareil vient s´appuyer naturellement sur le nez et permet à la fois de bien caler l´appareil et de le rééquilibrer.

Le D7 s´est également bien illustré sur le test de respect des couleurs. On note dans les photos la présence d´un peu trop de vert et de bleu, mais le résultat est le meilleur obtenu sur ce comparatif. Un appareil avait néanmoins réussi à faire mieux dans ce domaine : le Canon PowerShot Pro 90IS, il est vrai encore plus cher que le D7.

Le mode macro peut surprendre les déjà habitués des appareils photo numérique. Vous ne pourrez l´activer qu´aux plus longues focales de l´appareil (environ 160 – 200 mm en équivalent 35 mm). Mais vous serez séduit : ses photos sont très nettement un cran au dessus de celles de ses rivaux.

Désireux d´offrir tout ce qui se fait de mieux, Minolta a également décidé de vous proposer un mode vidéo. Si les séquences tournées (en 320 x 240 pixels, 12 fps pour un maximum de 60 secondes consécutives) sont très correctes, le constructeur a omis d´intégrer un micro à l´appareil, ce qui limite grandement l´intérêt de cette fonction.
Pratique
Vous entendrez souvent que passer de l´argentique au numérique se fait très facilement. Si vous avez déjà fait le pas, vous l´avez sans aucun doute remarqué : la réactivité des argentiques est sans commune mesure avec celle des numériques. Les soupes à la grimace sont souvent au menu et poussent parfois à délaisser un appareil acheté sur un coup de cœur, sans se soucier de ce paramètre essentiel. Car quand la prise de vue est quasi immédiate chez les premiers, elle est souvent très longue sur les autres au point parfois d´interdire la capture de clichés sur le vif. Le Dimâge 7 est l´exception qui confirme la règle : il prend ses photos en 1,5 secondes environ, quelque soit la résolution choisie. A titre de comparaison, la moyenne trouvée sur les 24 photoscopes testés depuis début 2001 sur HFR est de 5,4 secondes.


A l´inverse, son temps de mise en marche est lui dans la moyenne, soit assez lent : 3,8 secondes. Difficile donc de voler une moue, une expression, par définition fugitives.

L´écran TFT au dos de l´appareil est très correct et parfaitement visible quelque soit votre angle de vue, ce qui est assez rare pour être remarqué. Les plus chagrins feront remarquer que le Dimage 7 est privé de viseur optique. C´est vrai. Vous aurez à sa place un viseur numérique. Le véritable problème lié à ce choix réside dans l´impossibilité pratique d´utiliser le focus manuel, inexploitable sur ce viseur comme sur l´écran TFT au dos de l´appareil. Seule solution : passer en x4 numérique à l´écran pour confirmer la mise au point manuelle, mais cette opération vous fera perdre un peu de temps. A réserver donc aux natures mortes.

C´est encore inhabituel sur les numériques mais vraiment bienvenu, le zoom se commande non pas électriquement mais manuellement via la bague sur l´objectif. Personnellement, je l´adore. Il n´est ni trop mou, ni trop dur; ni trop lent, ni trop rapide. C´est parfait.

Côté réglages, vous retrouvez la panoplie habituelle des balances des blancs, des luminosités, etc. Vous retrouvez également les toujours très habituels, mais indispensables, modes P (normal), A (ouverture manuelle), S (vitesse manuelle, de 4s à 1 /2000s) et M (sélection de l´ouverture et de la vitesse par combinaisons).

Enfin, il vous faut également savoir que le D7 possède un appétit monstrueux. Nos tests ont été menés comme d´habitude avec des piles alcalines de bonne qualité, celles du lapin tambourin. Dans ces conditions, son autonomie est tout simplement déplorable, la plus faible de toutes celles trouvées au cours de nos tests. Avec 4 piles alcalines neuves, le D7 ne permet de faire que 90 photos, contre plus de 10 fois plus pour le C-700 d´Olympus. Minolta est au courant de cette lacune et préconise fortement l´utilisation de batteries 1800 mA. A noter qu´un collègue a fait ce même test avec des batteries 1600 mA et que son résultat est à peine meilleur que le notre : 125 photos.
Prix
Oubliez de suite la carte mémoire fournie : 16 Mo de mémoire n´autorisent la prise de vue que de 7 photos en 2560 x 1920 Fine (soit JPEG), et d´une seule en mode RAW. Prévoyez donc d´acheter au plus vite une carte 128 Mo ou encore un mini-disque IBM (quoique étant donné l´autonomie déjà fort réduite de l´appareil, ce n´est peut-être pas le meilleur choix), soit un surcoût d´environ 1 000 F.

Dommage également que pour ce prix les vidéos soit muettes. Ce choix revient finalement à réserver cet appareil à des pro ou semi-pro de la photo au détriment d´un usage familial pour lequel cet appareil ne s´avère finalement pas très adapté.

Si son prix est au plus haut de ce qui se fait pour le grand public, il convient tout de même de ne pas oublier que ses caractéristiques sont là pour le justifier. Le capteur est ce qui se fait de plus gros en CCD, le zoom 7x, sans atteindre celui du C-700, est en principe suffisant (d´autant qu´il s´agit d´un grand angle) et surtout, tant qu´on reste en JPEG, il est rapide à prendre ses photos.
Au final
Le Dimâge 7 laisse songeur. Sur le papier et à la première prise en mains, on est d´abord séduit pas ses caractéristiques hors normes. A l´utilisation, vous apprécierez particulièrement son excellent zoom grand angle, ses belles et grandes images parfaites pour l´impression, ses prises de vues rapides, son très bon mode macro, ses réglages facilement accessibles et ses nombreux paramètres ajustables.

A la longue, vous risquez d´être un peu déçus par son AF et par son allumage un peu lents, par le fait que l´écriture en mémoire des images en format TIFF et RAW bloque l´usage de la caméra pendant 20 à 30 secondes. Pire, sa consommation d´énergie vous laissera sans voix. Mieux vaut disposer toujours sur soi de plusieurs jeux de batteries chargées et de très bonne qualité.

Au final, ne seront concernés par cette bête de technologie que les férus de photo et les professionnels. Gardez tout de même à l´esprit que l´adaptateur secteur pourra vous rendre de grands services si vous travaillez en intérieur et qu´il vous faudra absolument acquérir au plus vite de la mémoire, les 16 Mo fournis s´avérent bien insuffisants. Son véritable prix, ces deux points compris, approche donc plutôt des 12 000 F.

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