Archivage sur SSD débranché, mauvaise idée ?

Publié le 12/05/2015 à 12:10 par
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Depuis quelques jours un billet ayant pourtant deux mois posté par KoreLogic  fait le tour du web. Il concerne la rétention des données sur les SSD et indique d'entrée qu'un SSD non alimenté peut dans certains cas commencer à perdre des données après une semaine. Il s'agit toutefois d'un cas bien spécifique mais c'est l'occasion de revenir sur la rétention des données sur la Flash et les SSD.

Pour stocker des données au sein d'une cellule Flash, on fait migrer un volume plus ou moins important d'électrons vers une grille flottante entourée d'un isolant. En fonction de ce volume la tension mesurée en lecture variera et on associe à une plage de tension donnée un état. Avec de la SLC il y a deux plages soit 1 ou 0, en MLC on passe à 4 et en TLC à 8 ce qui oblige à plus de précision en écriture comme en lecture. Le problème c'est qu'au fil du temps des électrons vont, malgré l'isolant, quitter la grille flottante. Si le volume est trop important, on changera de plage de tension mesurée et la donnée lue ne sera donc plus la bonne.


Au niveau de la Flash NAND elle-même, la norme JEDEC JESD94 prévoit que les cellules doivent supporter un test de rétention à 125°C pendant 10 heures pour celles dont 10% des cycles d'écritures ont été consommés et 1 heures pour celles qui en sont à 100%, ce qui correspond à 11 ans et 1,1 an à une température de 55°C en utilisant la loi d'Arrhenius. Des chiffres encourageants, d'autant que cette durée augmente avec une température moindre.


Concernant les SSD en eux-mêmes il faut se reporter au standard JESD218A du JEDEC qui indique qu'un SSD "client" doit être capable, une fois débranché, de conserver les données pendant 1 an à une température de 30°C une fois que le niveau d'endurance maximal a été atteint, contre 3 mois à 40°C pour un SSD "entreprise". La température à une forte influence, ainsi un SSD client stocké à 25°C après avoir été utilisé à 55°C peut en théorie conserver les données pendant 404 semaines, mais ce chiffre passe à 8 semaines seulement s'il est stocké à 55°C. Dans ces mêmes conditions un SSD "entreprise" est respectivement à 101 et 2 semaines seulement, ce qui s'explique par une marge moins importante laissée aux erreurs incorrigibles (10^-16 contre 10^-15).


Vous remarquerez donc qu'il vaut mieux une température élevée quand les cellules sont utilisées mais faible pour le stockage. Ces chiffres sont des minimums requis pour un SSD dont on aurait utilisé toute l'endurance, et comme l'indique les spécifications des Flash en elle-même l'endurance sur des cellules Flash encore peu usées est 10 fois supérieure. Il faut également préciser que si le SSD est branché, au moins de temps en temps, le firmware dispose normalement de mécanismes visant à réécrire les données avant qu'elles soient compromises.

Rien d'alarmant au final donc, mais si vous comptez archiver pour plusieurs mois des données importantes sur un SSD qui a déjà bien vécu et qu'il fait très chaud chez vous, un disque dur classique est plus prudent !

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