Des 24 pouces rapides : 6 ms !

Publié le 28/10/2005 par
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Rendu des couleurs en sortie de carton
Quelle part des écrans est amenée à rencontrer un jour un colorimètre dans leur vie ? Sans doute moins de 5 %. Même si l’usage d’un tel produit améliore considérablement le rendu des écrans, le prix élevé des sondes (aux alentours de 300 €) les rend rares, difficilement accessibles au plus grand nombre. D’où le test suivant, réalisé sur leurs réglages par défaut.

Le DeltaE est une mesure de la différence entre chaque couleur demandée et celle restituée, pondérée par la sensibilité de l’oeil humain.

Delta E > 3 : la couleur demandée diffère sensiblement de celle affichée.
1 < Delta E < 2 : le rendu des couleurs est fidèle.
Delta E < 1 : c’est parfait.


Il paraît évident que l’écran Acer est un peu mieux réglé par défaut que le Samsung. Mais ce n’est pas encore la panacée. Voici deux écrans d’emblée bien mieux réglés :




Petite remarque au passage : c’est sans doute sur le terrain de la couleur que se situe le prochain champ de bataille des écrans. La réactivité des moniteurs de dernière génération est devenue bonne. Il n’y a plus de moniteur exécrable dans les jeux comme par le passé (quoique, les PVA > 8 ms...).

Plutôt que de se battre sur des 1 ms d’écart en temps de réponse, les fabricants devraient maintenant s’atteler à proposer des couleurs justes d’emblée. Car à la main, régler un LCD s’avère très compliqué, voire dans la plupart des cas impossible. On va manquer de bleu dans certaines nuances, de rouge ailleurs... Il faut entièrement ré-écrire la table de couleur, ce qu’on en peut pas faire à la main.

Deux cas sont envisageables pour la suite :
  • comme Eizo, les constructeurs d’écrans pourraient décider de calibrer leurs écrans en bout de chaîne, avant leur emballage. Ce serait formidable mais cela a un coût.
  • deuxième idée : les constructeurs d’écrans et de cartes graphique pourraient enfin marcher main dans la main. Les cartes graphiques identifient les écrans qui leur sont reliés à l’aide d’un code unique, spécifique à chaque famille de produit (tous les AL2416W ont le même code, etc.). Pourquoi ne chargeraient-elles pas un profil adapté fonction du modèle d’écran et de la carte graphique qu’il y a derrière ? Ce serait déjà mieux que rien.

    Après, il faudrait qu’une caractéristique vienne rapporter leur justesse en colorimétrie. Cela pourrait prendre la forme d’un DeltaE moyen sur 20 couleurs avec les réglages par défaut, par exemple.

    Nos tests portent sur 18 nuances. A titre indicatif, voici les DeltaE moyens sur quelques écrans à leur sortie de carton (après une heure de chauffe quand même, pour que les couleurs se stabilisent) :
  • DeltaE Moyen Acer AL2416W = 4,0
  • DeltaE Moyen Samsung 242MP = 6,6
  • DeltaE Moyen Samsung 770P = 2,7
  • DeltaE Moyen Eizo S2110W = 1,4

    Là c’est clair et ça peut rentrer dans un tableau ! Et s’ils estiment que ces valeurs ne seraient pas compréhensibles, libre à eux de les manipuler par exemple en les inversant, puis en transformant le résultat en pourcentage : DeltaE Acer = 4 ; 1 / 4 = 0,25 = 25 %. On baptise cette nouvelle mesure, voici le Color Fidelity DeE-HFR :

  • Color Fidelity DeE-HFR Acer AL2416W = 25 %
  • Color Fidelity DeE-HFR Samsung 242MP = 15 %
  • Color Fidelity DeE-HFR Samsung 770P = 37 %
  • Color Fidelity DeE-HFR Eizo S2110W = 71 %

    Et pour parfaire le test, il faudrait doubler ces mesures. Il faudrait les établir avec le niveau de luminosité par défaut (ce que nous avons fait ci-dessus), puis avec un niveau fixe, modéré, destiné à un usage intensif du moniteur éventuellement dans un cadre de professionnel de l’image, à 110 cd/m² par exemple. Ce que nous n’avons pas fait là.

    Alors comme d’habitude, nous implorons ISO de revoir sa norme ISO 13406-2 et d’envisager dans la prochaine version une évaluation de la fidélité des couleurs.



    On termine avec le gammut des moniteurs. Il est strictement identique sur les deux, au plus près de l’espace sRGB.


    pour rappel le gammut est l’espace colorimétrique qu’est capable de reproduire l’écran, comparé avec l’espace sRGB (celui traditionnellement utilisé entre autre sur les appareils photo numérique). On ne parle pas là de fidélité mais de couleurs reproductibles. Pour la fidélité il faut se référer au graphique des DeltaE présenté précédemment.
    Rendu des couleurs après calibration
    Il s’agit pour ces moniteurs de calibrations software. Notre outil réécrit les tables de couleurs au niveau de la carte graphique, par sur le moniteur lui-même. De plus, la procédure nous invite à ajuster manuellement les niveaux de rouge, vert et bleu en cas de déséquilibre, ainsi que le taux de contraste et la luminosité.

    Les calibrations suivantes sont obtenues avec des réglages de luminosité très élevés, avec les niveaux proches ou identiques de ceux retenus par défaut par le constructeur. Soit en l’occurence :
  • 614 cd/m² sur l’Acer (noir à 1,3 cd/m²)
  • 307 cd/m² sur le Samsung (noir à 0,3 cd/m²).


    Malgré sa luminosité excessive, l’écran Acer a su récupérer de bonnes couleurs. On peut donc envisager sereinement ce moniteur pour une devanture de boutique, pour mettre en place des animations tournantes : les couleurs seront vives, visibles de loin et respectées.

    On continue notre petit jeu :

  • DeltaE Moyen Acer AL2416W = 0,44
  • DeltaE Moyen Samsung 242MP = 1,1
  • DeltaE Moyen Samsung 770P = 0,36
  • DeltaE Moyen Eizo 2110W = 1,1

    Soit :

  • Color Fidelity DeE-HFR Acer AL2416W = 228 %
    (> à 100 % = meilleur que la sensibilité de l’oeil humain)
  • Color Fidelity DeE-HFR Samsung 242MP = 92 %
  • Color Fidelity DeE-HFR Samsung 770P = 281 %
  • Color Fidelity DeE-HFR Eizo 2110W = 92 %

    On signale quand même que cette "mesure" n’a rien d’officielle, nous l’avons mise en place juste à titre indicatif sur ce test pour donner une idée de ce que les constructeurs pourraient faire. Pour être plus juste, la mesure après calibration devrait rapporter des valeurs obtenues à 110 cd/m².
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