John Carmack évoque le rachat d'Oculus VR
Publié le 01/04/2014 à 15:30 par Guillaume Louel
L'annonce par Facebook du rachat d'Oculus la semaine dernière a déchainé nombreuses passions et commentaires. Pour rappel, Oculus VR est une startup qui avait fait parler d'elle via un projet Kickstarter pour l'Oculus Rift, un casque de réalité virtuelle abordable qui était proposé à l'époque sous la forme d'un premier kit de développement. Le projet avait recueilli plus de 2.4 millions de dollars de fonds durant la campagne Kickstarter, avant d'obtenir un premier tour de financement à hauteur de 16 millions de dollars, puis un second tour de 75 millions de dollars fin 2013 .
En aout dernier, John Carmack avait rejoint Oculus en tant que CTO (Chief Technical Officer) à temps partiel avant de quitter id Software - la société qu'il avait cofondée - fin novembre . Après l'annonce fracassante du rachat d'Oculus par Facebook pour 2 milliards de dollars (dont 1.6 milliards d'actions Facebook), John Carmack était resté relativement silencieux devant les pluies massives de critiques.
Entre le mécontentement de ceux qui avaient soutenu le projet Kickstarter et se sentaient trahi par le rachat, celui des développeurs comme Markus Persson qui avait annoncé l'arrêt du développement de Minecraft pour Oculus par un long post de blog , les investisseurs côté Wall Street évoquant un « poor fit » et la peur de la transformation d'une technologie « ouverte » en une plateforme fermée avec cet article du New York Times évoquant le redesign à terme de l'interface et le rebranding du produit (Facebook l'ayant par la suite démenti) ou les propos de son CEO Mark Zuckerberg qui voyait la réalité virtuelle comme le futur de la publicité , les causes de mécontentements sur ce mariage ne manquaient pas.
L'argument lapidaire de l'auteur de Minecraft
Après un tweet évoquant qu'il allait probablement avoir maintenant un compte Facebook, John Carmack s'est finalement exprimé ce weekend, répondant sur Tumblr à un post évoquant les problèmes de data mining autour des informations collectées par Facebook (qui n'a pas exactement la meilleure réputation en matière d'utilisation des données personnelles).
Carmack admet tout d'abord – malgré sa position de CTO chez Oculus – n'avoir pas été mis au fait des négociations avec Facebook, indiquant simplement avoir fait une démonstration la semaine précédente a Mark Zuckerberg avant « d'apprendre » la semaine suivante qu'il avait racheté Oculus. Un point pour le moins surprenant. John Carmack rejette également l'idée par laquelle Oculus aurait dû concevoir son écosystème autour de la réalité virtuelle à l'image de ce qu'avait fait Valve avec Steam, indiquant que selon lui, la réalité virtuelle est une expérience trop « évidente et puissante » pour qu'une startup puisse porter seule le projet. Sony a profité en effet de la GDC pour annoncer son projet Morpheus (qui reste au stade de prototype) et l'on prête selon les rumeurs des ambitions similaires à Microsoft pour 2015. Effectuer un partenariat avec un acteur important de l'industrie lui semblait donc nécessaire même s'il reconnait qu'il ne s'attendait pas à ce que ce soit Facebook, ou que le rachat soit si rapide.
Dans un second message, John Carmack tourne autour des questions importantes sur la vie privée et le data-mining que pourrait faire Facebook de cette technologie avec des points qu'on ne peut difficilement qualifier autrement que de naïfs, prenant en contre-exemple les « recommandations » proposées par Amazon en fonction de vos achats précédents.
Une naïveté difficilement explicable même si l'on se souviendra que John Carmack avait fondé Armadillo Aerospace, une startup espérant monétiser à terme le tourisme spatial suborbital. La société avait été mise en mode « hibernation » en aout dernier après quelques déboires. Son fondateur avait avoué à l'époque avoir dépensé plus de 8 millions de dollars dans cette aventure avant l'intervention de sa femme qui « l'empêche d'effectuer de mauvaises décisions ». On notera qu'il n'a visiblement pas totalement abandonné l'idée puisqu'il a publié le tweet suivant :
Il aura confirmé par la suite tirer un profit direct du rachat, possiblement via des stock options qui peuvent l'astreindre à rester employé par Facebook pour une durée déterminée avant de pouvoir les exercer, une clause classique dans les rachats de société outre-atlantique.
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