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Eizo S2110W : le GRAND retour
DiversEcrans
Publié le Vendredi 9 Septembre 2005 par Vincent Alzieu

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Page 1 - Eizo S2110W

Eizo S2110W
Eizo est de retour dans nos comparatifs. Le moins qu´on puisse dire, c´est que leur rentrée est fracassante. Eizo adopte une dalle S-PVA (signée Samsung donc, qu´Eizo précise avoir codéveloppée avec eux) rapide, destinée selon eux "aux professionnels de la Vidéo, de la création de jeu, pour les spécialistes des effets spéciaux, les pros de la CAD et de la 3D ". Un tel listing sous entend que l´écran serait à la fois fidèle dans ses rendus de couleur, doté d´angles de vision très larges et très réactif.


Pour commencer, le S2110W est un écran 21 pouces. Sa résolution native est la même que pour les 20 pouces Wide (Apple Cinema Display, Dell 2005FPW...) : 1680 x 1050 pixels. On lit donc mieux mais informations, mais on n´en a pas plus à l´écran. Par rapport aux écrans 17 et 19 pouces, voici ce que ça change :


Ensuite, grâce à Eizo qui nous a renseignés, nous sommes enfin en mesure de comprendre ce qui change entre les dalles PVA anciennes génération et les nouvelles, dites S-PVA. La plus grosse différence se trouve au niveau des pixels. Certains lecteurs avaient déjà noté une structure des cellules en "boomrang" sur certains moniteurs. Désormais, il semble que tous les PVA l´aient adoptée. Mais en plus, sur les S-PVA, cette structure est doublée. Chaque sous pixel comprend désormais deux parties orientée selon des angles différents, pour augmenter les angles de vision. Cette différence d´angle permettrait d´accroître la fidélité des tons quand ils sont vus de côté.

A propos du temps de réponse maintenant, les 8 millisecondes donnés dans les caractéristiques ne sont obtenues par un double overdrive appliqué pour le premier sur la montée, pour le deuxième à la descente. Et pour encore améliorer le rendu et diminuer le ghosting, Eizo et Samsung y ont couplé un circuit dédié à l´anticipation des images, calculée sur la base des trois précédentes. Cela n´annule pas la rémanence, dit le constructeur, mais cela contribuerait à la diminuer.
Eizo précise que le temps de 8 ms est obtenu en établissant une "moyenne du temps de réponse mesuré entre chaque niveau de gris à 31, 63, 95, 127, 159, 191, et 223" (sous entendu, sur l´échelle des gris en RVB de 0 à 255).

Concernant les couleurs, cet écran n´est pas un 8, ni 10 bits, mais 14 bits ! Alors qu´un écran classique se contente de 256 niveaux de couleurs par composante RVB, qu´un 10 bits atteint 1024 nuances, lui en propose 16 384. Ce qui revient à dire qu´il distingue - d´un point de vue théorique - 4398 milliards de nuances (contre 16 millions pour les LCD traditionnels).

Enfin, Eizo y a intégré un capteur d´ajustement automatique de la luminosité. Ce capteur a deux fonctions : réguler l´intensité lumineuse en fonction de la lumière ambiante et, surtout souligne Eizo, il affranchit les utilisateurs de la période de 20 à 30 minute de chauffe du moniteur avant que les couleurs se stabilisent. Les couleurs seraient maintenant justes et stables dès la mise sous tension de l´écran.

Et l´on n´a même pas abordé l´ergonomie du moniteur, décrite en détail en page suivante...

Vous l´avez compris, sur le papier ce S2110W possède une génération d´avance. Reste à vérifier quand même si toutes ces technologies lui sont bien utiles.


Page 2 - Ergonomie

Ergonomie
Pour commencer, reconnaissons que la finition du produit est superbe, un cran au dessus de la moyenne. Les matières sont belles, les assemblages sont propres et sans défaut. Le look enfin est magnifique. Le tout est un peu plus léger que ce à quoi on pouvait s´attendre : 8 Kg. A comparer avec les 11 Kg du LCD2180UX de Nec.


Deuxième surprise : le pied. Eizo l´appelle "ArcSwing 2". C´est très esthétique. Il imprime un mouvement de courbe ample à l´écran pour vous permettre de le positionner haut, au niveau des yeux, ou très bas, au ras de la table et très incliné, comme un livre ouvert.

A nouveau, le système sent bon la robustesse et la qualité mais était-ce bien nécessaire ? Le pied du prochain Samsung 970P permet d´en faire de même un peu plus simplement. Certes, il n´a pas le "mouvement de courbe ample", mais le résultat à la fin est le même. On trouve même plutôt un défaut à ce système : il n´est pas simple à manipuler. Il faut y mettre pas mal de force pour changer la position de l´écran, sa hauteur comme son inclinaison, ce qui rend difficile les petits ajustements pour qu´il soit pile poil bien comme on veut. Peut-être qu´en vieillissant le pilotage gagnera en facilité.


Pour ce qui est des fonctionnalités maintenant, on a déjà invoqué le capteur de luminosité en page précédente. L´ajustement n´est peut-être pas aussi immédiat qu´Eizo le dit, mais il est très rapide quand même (de l´ordre de 5 minutes pour stabiliser les couleurs) et surtout très efficace ! Il améliore toujours sensiblement le rendu, déjà d´un très bon niveau dès le départ.

Enfin, signalons la présence de deux ports USB 2 sur le côté gauche, celle de deux entrées DVI switchables pour y relier deux unités centrales et un défaut : les boutons sensitifs en face avant sont trop sensibles. Il n´est pas simple de régler finement les couleurs dessus.


Page 3 - Rendu des couleurs

Rendu des couleurs
Le test du S2110W est à marquer d´une pierre blanche. Il prouve que oui, les constructeurs sont capable de proposer des écrans correctement réglés d´entrée. Contrairement aux écrans de ses concurrents, le S2110W peut se passer d´une calibration tant ses réglages sont bons.

Voici ce que fournit sans aucun réglage l´écran Eizo comparé à un autre écran déjà en dalle S-PVA 8 ms, le Fujitsu Siemens P19-2 :


Les couleurs (c´est du 6500 K par défaut) sont pour ainsi dire parfaitement justes ! Car pour rappel, voici la règle de lecture de ces graphs : le DeltaE est une mesure de la différence entre chaque couleur demandée et celle restituée, pondérée par la sensibilité de l´oeil humain.
Delta E > 3 : la couleur demandée diffère sensiblement de celle affichée. 1 < Delta E < 2 : le rendu des couleurs est fidèle. Delta E < 1 : c’est parfait.

Il y a donc un écart dans le bleu, pas si gênant que ça à l´usage. Pour le reste, c´est parfait ! C´est très impressionnant et de loin le meilleur résultat obtenu à ce test à ce jour. La réputation d´excellence d´Eizo en matière de rendu des couleurs est parfaitement justifiée. Un point surprend quand même : le niveau de luminosité retenu par Eizo. Le S2110W balance près de 500 candélas dans la blanc (496). c´est TRES lumineux. Trop à notre avis pour un usage sur la durée.

Par défaut, l´écran est en réglage USER. Il propose en fait cinq autres configurations ré-enregistrées, Movie, Picture, Custom (User), sRGB et Text. Dans le lot, deux seulement sont à nos yeux intéressantes, User (les couleurs sont plus fidèles que dans les autres modes) et Text, dont la température de couleurs tombe à 5000 K avec une luminosité à 91 cd/m². Ce niveau paraît faible au regard de ce dont capables les LCD, mais c´est ce qu´il y a de mieux pour la vue. C´est reposant tout en restant fidèle. Au départ, l´écran peut paraître un peu sombre. Donnez vous le temps de vous y habituer. Vous aurez du mal à en sortir après. Petite contrepartie à ce gain de confort, la fidélité des couleurs y perd un peu. Calibrer cet écran permet de corriger les quelques défauts relevés.


A nouveau, pour une température de couleurs de 5000 Kelvins, c´est un résultat très impressionnant ! Le blanc est cette fois à 93 cd/m², pour un noir à 0,2 cd/m² ! En dépit du graphique qui témoigne que le noir ne l´est pas complètement, la couleur en question est extrêmement sombre, bien plus que ce dont sont capables les meilleures dalles IPS et S-IPS. Ce résultat d´un deltaE > 3 n´est dans la pratique pas très gênant. Il y a encore une différence entre le noir du moniteur éteint et celui d´un noir affiché, mais c´est déjà excellent. Ce résultat peut à lui seul expliquer pourquoi Eizo a changé de bord.

Reste la calibrage à 6500 K, sur le réglage USER :


Les couleurs sont encore plus fidèles qu´elles ne l´étaient par défaut (voir graphique en haut de cette page). Vous remarquez que nous avons ajouté le gammut du moniteur. Pour rappel, c´est l´espace colorimétrique qu´est capable de reproduire l´écran, comparé avec l´espace sRGB (celui traditionnellement utilisé entre autre sur les appareils photo numériques). On ne parle pas là de fidélité mais de couleurs reproductibles. Pour la fidélité, il faut toujours se référer au Delta E, le graphique de droite.

Le gammut est lui un peu décevant. Il est identique à ce dont sont capables les écrans "classiques". Il n´est pas meilleur, même si Eizo est fier de travailler ses couleurs sur 14 bits et qu´ils ont repensé leur rétro-éclairage. Si l´on regarde les caractéristiques du moniteur en détail, on voit que l´écran n´utilise en fait qu´une palette réelle de 1,06 milliards de couleurs (10 bits donc), dont il n´affiche simultanément au mieux que 16 millions de couleurs (8 bits). Bref, l´astuce ne sert manifestement pas à grand chose. A la fin, on retiendra qu´il se comporte sur ce point comme un écran 8 bits. En l´occurence, ce gammut reste loin de ce qu´on a trouvé sur le Nec Lumileds.


Page 4 - Applications 3D & vidéo

3 D

Le S2110W dit se destiner notamment aux professionnels de la création de jeux et de la 3D. Ces utilisateurs ont besoin de réactivité. La rémanence, quand il y en a, est perturbante. Pour rappel, Eizo a implémenté pour eux un double overdrive, agrémenté en plus d´un système d´anticipation des images.

Le résultat n´est hélas pas à la hauteur des espérances. Non seulement la réactivité est moins bonne que celle des écrans MVA rapides (Fujitsu Siemens C19-4, ViewSonic VP191b), mais elle est aussi moins bonne que celle des écrans IPS 16 ms. Nous en avions plusieurs sous la main : le Philips 200P6WS, l´Acer AL 2032W... En mode clone, qu´on soit en DVI ou en analogique sur l´Eizo, la rémanence y est supérieure. Elle se traduit par des traînées blanches derrière les objets. On peut en faire abstraction, mais on ne peut pas dire qu´on ne la voit pas du tout.

L´overdrive pose lui aussi problème. Sur certains objets, sur les couleurs claires qui avancent sur fond plus sombre surtout, on voit l´anticipation de l´amplification à l´écran. Cela se traduit par un petit halo clair devant les objets. Ce n´est pas systématique, mais ça arrive et cela se rajoute au second halo derrière l´objet (rémanence + seconde amplification).
Vidéo : DVD, HD
Le S2110W s´adresse aussi aux professionnels de la vidéo. C´est plus dans ce contexte que l´anticipation d´images semble fonctionner. Car si elle n´apportait pas grand chose dans les animations 3D, ici la rémanence est sensiblement réduite. A tel point qu´elle n´est pas du tout gênante. En revanche, le fourmillement produit dans les dégradés est insupportable. C´est le gros défaut des dalles PVA Samsung avec overdrive. Alors que les premières générations de dalles PVA affichaient bien les films, celles avec suramplification massacrent les images.

Pour commencer, fuyez le mode Movie proposé par l´OSD. C´est à peu de chose près le pire pour les films. Des cinq pré-établis, le moins mauvais est le Texte, dont hélas la luminosité est un peu faible :


Le fourmillement produit est visible même à deux mètres de distance de l´écran. C´est très décevant mais finalement pas surprenant. Le Dell 1704FPV et le Fujitsu-Siemens P19-2 faisaient de même (dalles S-PVA en 17 et 19 pouces).


Page 5 - Angles de vision, verdict

Angles de vision
Eizo est passé de la technologie IPS et PVA. "Sacrilège" pensent certains détracteurs, dont nous ne faisons pas partie. Selon eux, certes le noir est moins profond mais les angles de vision des écrans VA seraient plus courts et, pour citer le commentaire d´un de mes détracteurs les plus virulents, "les écrans S-IPS sont les SEULS à être utilisés par les pros pour l´imagerie et la photo". Le commentaire n´engage que son auteur, cet écran, notamment, étant le parfait exemple du contraire.

Le problème de la fidélité des couleurs ayant été réglé deux pages plus tôt, reste quand même à voir si le club des fervents défenseurs des IPS a raison de dire que les angles des VA sont plus courts.


Les photos sont prises avec 50° d´angle par rapport à la dalle.
Et voici ce que ça donne sur l´Apple Cinema Display 20", un S-IPS :



Ils ont raison. Pas de beaucoup mais l´angle horizontal est effectivement un peu plus large sur l´écran S-IPS que sur le S-PVA. Sur le S2110W, les couleurs sont parfaites sur 80° en latéral, puis elles perdent un petit peu de leur éclat. Elles restent très bonnes sur environ 100° sur les IPS. La différence est minime. Cela présentera un intérêt surtout pour ceux qui veulent travailler en bi-écran avec deux moniteurs de très grande taille. Pour un système mono-écran n´en tenez pas compte. Ces angles de vision sont déjà excellents.
Interpolation

L´interpolation est bonne. Du moins dans les images elle est meilleure que d´habitude. A tel point qu´il est possible de jouer en 1280 ou en 1024 (mais quel intérêt ? Quand on a les moyens de se payer un tel écran, on sûrement ceux aussi d´avoir une carte graphique qui tient la route).

En revanche sur le texte, il vaut mieux rester à la résolution native. La perte de netteté est trop rapide.
Verdict
Le S2110W est un bijou. Il en a les qualités et le prix. Quoique, si l´on tient compte des pratiques passées, ce tarif de 1400 € n´est pas aberrant. Ceux qui disposent d´un tel budget et qui veulent du grand ont le choix. Ils ont cet écran d´une part, avec son capteur d´ajustement à la lumière et son excellent comportement même à 5000 K, de l´autre ils ont le Dell UltraSharp 2405FPW, notre vainqueur du comparatif 23 et 24 pouces. Tout en sachant que, quelque soit leur choix, ils opteront (s´ils se limitent à ces deux moniteurs), pour un produit en dalle S-PVA, donnée par Samsung avec un temps de réponse de 8 ms. Le comportement des deux écrans est très proches. Tous deux fourmillement dans les films, tous deux accusent une rémanence marquée dans les applications 3D et tous deux restituent bien les couleurs. Les différences se font surtout sur les fonctions ajoutées, un peu sur la finition, avec sur ce point un avantage pour Eizo.



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