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Des LCD à images persistantes ?
DiversEcrans
Publié le Lundi 3 Avril 2006 par Vincent Alzieu

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Page 1 - L'envers de l'overdrive, le burn in sur LCD

Un jour vous découvrez sur votre écran une image qui ne s’efface pas...

Ça nous prend régulièrement, nous endossons le rôle de porteurs de mauvaises nouvelles concernant les LCD. Ces derniers temps vous avez déjà digéré
- les 14 % de taxe sur le DVI,
- l’absence de certification HDCP sur la quasi totalité des displays proposés,
- le risque d’effets Mura sur la dalle et de spots sur les backlights,
- les défauts de tenue des couleurs dans le temps,
- l’irrégularité de la luminosité flagrante sur les écrans de grande taille...
On ne parle même plus du problème récurrent des pixels morts.
Et si ça ne suffisait pas, voici un nouveau chapitre tout aussi intéressant : l’arrivée d’images persistantes sur les LCD. Or ce défaut n’est bien souvent pas couvert par la garantie.

N’y voyez pas une volonté de "flinguer" du LCD, ni un combat pour porter aux nues d’autres technologies alternatives existantes ou attendues. C’est plutôt qu’au fil des tests nous avançons progressivement dans la connaissance de ces écrans, et que du coup nous leur découvrons des vices méconnus, parfois cachés, qu’il nous semble utile de vous exposer car vous y avez peut-être déjà été confronté.

Tout démarre avec l’écran LG L2300C

C’est la mauvaise nouvelle du jour : certains LCD tendent désormais à conserver une image fantôme d’images fixes affichées un peu trop longtemps dessus. En fait ce problème n’est pas complètement nouveau. Mais jusqu’à il y a peu, il était si marginal qu’on ne pouvait pas le considérer comme problématique. Personne n’en parlait car personne ne le remarquait. Hélas, la situation empire.

Nous avons véritablement pris conscience de ce problème à l’occasion du test du dernier L2300C de LG , un 23 pouces proposé à prix cassé : moins de 800 €. Inutile de sauter au plafond à la lecture de ce prix, pour rappel il est équipé d’une dalle TV d’une résolution peu commode pour un usage bureautique : 1366 x 768 pixels.

Par négligence nous avons oublié d’éteindre l’ordinateur de test un vendredi soir, avec en fond notre outil de messagerie. De retour lundi matin, nous avons eu la désagréable surprise de constater que notre messagerie restait en surimpression très marquée sur toutes nos images. Plusieurs heures après il en était toujours de même. Nous sommes donc revenus vers LG qui, il faut le souligner, a fait preuve d’une honnêteté à laquelle les constructeurs ne nous avaient pas habitués.

Notre outil de messagerie reste en surimpression sur le gris de Photoshop.
Vers le milieu de l’image, on reconnaît le logo de Canon, présent dans le courrier reçu le vendredi.
LG n’avait pas vraiment testé l’écran avant de nous l’envoyer. Ils ne savaient donc pas qu’il était sujet à cette persistance. En revanche, cela ne les a pas étonnés que nous ayons relevé ce défaut. Ils nous ont avoué avoir remarqué que tous leurs écrans grande taille, destinés à des lieux public, étaient eux aussi sujet à ce phénomène depuis un an. D’après eux, ce serait apparu avec le changement de génération de dalle en 2005. Ils ont remonté l’information en Corée qui, disent-ils, se révélerait incapable d’expliquer ce phénomène et surtout de l’annuler. Ils n’ont qu’une parade à proposer quand un problème se pose : afficher une image blanche pendant des heures. C’est ce qu’ils nous ont proposé de faire sur le L2300C. Nous nous y sommes en partie pliés, alternant les périodes de travail sur des applications diverses, ces images blanches plein écran et des périodes hors tension la nuit. L’image persistante n’a vraiment commencé à ne plus être gênante que le 3ème jour !

Mine de rien, c’est tout de même une bonne nouvelle : il ne s’agit pas d’un burn in irrémédiable comme les plasmas en connaissent. Les traces restant à l’écran en sont pas éternelles. Selon LG, le problème se poserait uniquement dans le cas des images fixes. Les cristaux liquides enfermés dans les cellules sous les filtres rouges, verts et bleus prendraient progressivement masse. On aurait donc au sein d’une cellule une partie des cristaux qui réagirait correctement et afficherait les images de demandées, de l’autre d’autres cristaux figés dans la position de l’image longtemps affichée. D’où ce dessin en surimpression.

Le fait d’afficher une image blanche permettrait de commander le passage d’un maximum de lumière, chaude (posez la main sur la dalle de votre LCD, elle chauffe), et de faire fondre cette partie solidifiée.

S’ils étaient déjà avertis de ce problème, le fait que nous le rencontrions sur le L2300C a tout de même gravement inquiété LG qui se rassurait un peu en pensant que seuls leurs écrans publics étaient affecté d’un tel souci. Voir ce défaut débarquer sur un écran proposé dans le commerce, pour le grand public, leur pose d’autant plus de soucis qu’ils n’ont pas de solutions miracle pour le contrer, et qu’ils se voient mal rendre des comptes à des centaines (des milliers) d’utilisateurs sur ce sujet. Preuve de leur embêtement, le L2300C n’est pour ainsi dire déjà plus référencé. Il aura eu une durée de vie on ne peut plus courte.

Page 2 - Après LG, Nec et Samsung confirment, puis tous les autres

Nec et Samsung confirment et précisent...

Suite à cet entretien édifiant, nous nous sommes tournés vers deux autres poids lourds des affichages publics, Nec et Samsung. Là encore nous devons saluer leur honnêteté. Eux aussi nous ont répondu sans langue de bois. Tous deux ont confirmé ce problème sur leurs écrans publics – et pas seulement disent-ils. Ce qu’ont corroboré derrière la plupart des constructeurs.

Ils ont encore précisé les choses. Selon la masse d’informations rassemblées, il n’existerait pas un type de persistance, mais trois.

L’Image retention serait un phénomène observable sur certaines TV LCD. Il s’agit d’une images persistante très furtive, de l’ordre de quelques secondes. Il suffirait de changer de scène pour que peu de temps après la surimpression disparaisse complètement. En réponse à cela, les fabricants concernés par ce défaut auraient introduit une fonction nommée "orbiting", qui consiste à déplacer très légèrement l’image en permanence, de quelques pixels sur les côtés et en hauteur. Réduire la luminosité permettrait également de diminuer ce phénomène. Quand à sa cause profonde, nous n’avons pas réussi à la connaître. En tout cas, le remède semble simple et la gêne très occasionnelle.

Plus visibles, plus gênant aussi, le Sticking serait apparu avec l’overdrive. Avec les suramplifications dernières pour gagner quelques millisecondes sur les temps de réponse, les cellules ne seraient plus capables d’évacuer toutes les charges. Ce serait le phénomène le plus répandu, au moins sur les technologies IPS et VA. Selon nos constructeurs, la seule méthode pour faire disparaître les défauts d’affichage induit consiste à éteindre le moniteur pendant autant de temps que l’image fixe persistante a été allumée.

Le troisième type de persistance, qui d’après LG serait celle que nous avons rencontrée sur le L2300C, est qualifiée de Stain LCD. Ne seraient concernés cette fois que les public displays, destinés aux messages commerciaux dans les magasins par exemple. C’est la prise en masse des cristaux liquides. Pour le faire disparaître, la méthode LG consiste à pousser luminosité et contraste à fond sur une image blanche pendant des heures.

... mais Conrac infirme, et nous envoie promener

Tous les fabricants d’écrans avouent néanmoins leurs limites : leurs recettes pour faire disparaître les images persistantes ne sont ni parfaites, ni idéales puisque, sauf exception (voir Asus en page suivante) ils sont incapables d’expliquer en détail les raisons de ces défauts et surtout de les faire disparaître. Ce ne sont donc que des remarques faites sur leur usage pratique sur des écrans "défectueux". De l’avis de tous, un seul acteur du monde LCD aurait LA solution contre la persistance d’images : Conrac.

Vous n’en avez probablement jamais entendu parler et c’est normal : ce constructeur n’installe que des écrans de très grande taille sur les lieux publics. Par exemple, ce sont eux qui ont équipé les aéroports de Paris en moniteurs. Et justement, ils auraient été confronté il y a deux ans à ce problème sur tous les écrans installés chez ADP. Et sommés d’y trouver une solution. Nous les avons contactés avec des questions aussi simples que : quelle technologie de dalle était touchée, comment avez vous fait disparaître les images apparues ?

Autant parler à un mur. Ils ne veulent indiquer ni la technologie touchée, ni celle retenue aujourd’hui, ni l’astuce implémentée dans les écrans pour que leurs nouveaux moniteurs n’en soient pas affecté. Car disent-ils, tout leur savoir faire est protégé par des brevets, qu’ils ne veulent surtout pas confier leurs recettes à leurs concurrents qui seraient trop heureux de pouvoir reconquérir des terrains d’où ils se sont fait éjecter du fait de ce défaut.

Ils ont seulement accepté de préciser deux points :

selon eux le premier souci sur les LCD est le défaut nommé Sticking. Il serait bien lié à l’overdrive, mais pas seulement. Ça n’est selon eux qu’un facteur (important quand même). Eteindre l’écran sur une durée très longue ne suffirait pas. Quoi faire alors ? Ils refusent de répondre, ou même de donner des pistes. Tant pis pour les particuliers qui voient leurs écrans se dégrader.

quand à celui nommé Stain LCD, dont ils ne confirment ni n’infirment l’existence, la méthode de l’image blanche n’aurait d’après eux pas plus d’effet qu’une image noire : les backlights ne se coupent jamais. Ils sont toujours à plein régime, sauf quand l’écran part en veille.

Impossible d’en savoir plus. Attraper ces bribes d’informations nous a pris déjà une bonne douzaine de coups de fil et nous sentions bien que nous devenions franchement pénibles de les déranger sur ce sujet.

Page 3 - La réponse des constructeurs

La réponse des constructeurs quand un problème survient

La morale de cette histoire, c’est que les constructeurs commencent à réintroduire la notion d’écrans de veille sur les moniteurs. Ouvrez les notices (parfois électroniques), cherchez les consignes de sécurité et les conditions de garantie – que vous invités à lire en principe avant tout branchement de votre écran. Voici ce qu’on trouve sur une sélection d’écrans pris au hasard dans notre stock ou contactés pour l’exemple :

Dans l’ordre alphabétique, on commence par Acer qui nous a répondu ceci : "Cet effet de rémanence n’est pas caractéristique à nos écrans LCD. En effet, il a toujours existé que ce soit sur des écrans CRT, Plasma , des vidéo-projecteurs, des caméras vidéo ou appareils photo numérique. C’est pourquoi toutes les versions OS proposent une sécurité en réglage de base :
- Ecran de veille dynamique après 10 minutes de non utilisation
- Mise en veille totale de l’écran après 20 minutes de non utilisation

Si ces 2 sécurités sont désactivées par l’utilisateur, aucun périphérique d’affichage ne pourra résister à de petites dégradations (constatées après plusieurs heures voire plusieurs jours laissés en image fixe)
Il s’agit ici d’une mauvaise utilisation par rapport à la technologie existante chez tous les fabricants.
Dans ce cas précis, la garantie Acer n’intervient pas.
La garantie Acer prendra effet, si et seulement si le problème se reproduit sur une UC différente que celle utilisée par le consommateur et que les services Acer soient en mesure de constater".

D’un côté, ils disent clairement : non , la garantie ne joue pas. D’un autre, la dernière phrase dit oui c’est bon. Si leur services techniques constatent la présence d’une image persistance, alors ils remplaceront l’écran. Sous entendu après plusieurs heures / jours de mise sous tension donc.

Les notices Apple n’envisagent pas ce phénomène. Joints par téléphone, ils nous ont expliqué que la procédure à suivre dans ce cas est d’abord d’éteindre le moniteur quelques temps, puis si l’image persistante est toujours là d’amener l’écran dans un centre Apple qui procédera à une expertise du moniteur et déterminera s’il y a lieu ou non de faire jouer la garantie.

Asus ne garantit pas le défaut de persistance d’image. Toutefois, eux ont une approche différente de leurs concurrents. Leurs deux prochains écrans, le PW191 (19 pouces dont la sortie est imminente) et le PW201 (prévu pour juin) seront SANS overdrive. Selon eux, il n’ont donc plus besoin de garantir leurs écrans contre la persistance d’image puisque la disparition de cette fonction annulerait tout risque. A titre d’information, le PW191 est un écran TN, le PW201 un modèle VA. Les deux afficheront un temps de réponse de 8 ms.

Ecran concerné : Belinea 10 20 35W, dalle P-MVA 8 ms
Chez Belinea la traduction de la notice pose une petit problème d’interprétation. Celle en allemand, langue d’origine de ce constructeur, parle de "Einbrennungen", pour "burning" en anglais. Et sur la notice anglaise, ils parlent de "picture tube burn-in". Du coup nous les avons appelés : ils nous ont confirmé que ce phénomène de marquage n’est effectivement pas couvert par la garantie.

Ecran concerné : nouvelle série Dell, dalles variées
Dell recommande d’éteindre l’écran quand il n’est pas utilisé, ou d’utiliser un écran de veille. Nous n’avons pas réussi à savoir si ce défaut est ou non couvert par la garantie.

La réponse de HP est la plus surprenante. On vous fait un copier / coller : "HP ne souhaite pas répondre à cette question."

Iiyama aussi fait court, mais leur réponse est à l’opposé de celle de HP : la garantie joue.

Nous avons un peu de mal à nous y retrouver chez LG. D’un côté, on trouve les notices des écrans à télécharger sur un site dédié . Nous y avons récupéré quelques documentations, dont celle du L2300C. Aucune de celles-ci n’évoque pas ce problème.

En nous faisant passer pour un particulier touché par ce phénomène, nous avons reçu comme conseil de faire tourner l’écran pendant une semaine avec des images variées. Passé ce laps de temps, si l’image persistance est toujours là, le service après-vente nous a dit oralement pouvoir faire jouer la garantie et remplacer le moniteur.

Troisième discours, celui officiel des représentants LG. Encore un autre son de cloche. Ils nous ont écrit "après vérification, on peut lire sur le manuel la phrase suivante :
« Les garanties « maintenance sur site » et « retour station technique » ne s’appliquent pas si le moniteur :
- a un défaut d’image lié à un marquage. »

Mais cette phrase, nous ne l’avons pas trouvée sur les notices en ligne. Celles-imprimées et celles sur papier seraient-elles différentes ?

Ecran concerné : Nec tous modèles récents (nous n’avons pas de vieux Nec sous la main), toutes technologies confondues
A noter l’apparition d’une fonction inédite sur les derniers moniteurs hauts de gamme Nec. Sur la dernière série en XX90UXi, un menu caché permet maintenant d’activer ou non l’overdrive. Or par défaut il est maintenant désactivé. On pouvait croire au départ que cette fonction servirait à réduire le bruit dans les vidéos. Pour l’avoir essayée, ce n’est pas le cas. Ça ne change rien du tout à ce niveau. Ne serait-ce donc pas plutôt pour diminuer les risques d’images persistantes suite à l’affichage d’images fixes ?

Ecran concerné : Samsung SyncMaster 215TW, dalle PVA 8 ms
Chez Samsung, ce cas n’est pas précisé dans les conditions de garantie. Ils soulignent que ce problème est exceptionnel, qu’aucun cas de ce type n’a pas été résolu en quatre ans. Ils nous ont écrit : "l’équipe SAV peut appliquer une tolérance c’est-à-dire décider de remplacer le LCD si après vérification technique il s’avère que le LCD est marqué durablement
Donc pas de règle officielle mais une expertise technique puis un règlement ‘commercial’."

Ecran concerné : VP930, dalle P-MVA 8 ms.ViewSonic refuse de prendre un charge un moniteur avec persistance d’image. C’est précisé dans la notice. En revanche, ils n’indiquent pas comment faire disparaître cet effet.

Page 4 - Bilan

Conclusion et bilan

Tout le monde (les constructeurs) est d’accord sur le principe de base : le phénomène de persistance d’image est apparu ou devenu problématique quand les fabricants de dalle ont accentué l’overdrive pour accélérer la rotation des cristaux. Soit depuis deux ans, depuis semble-t-il le passage des LCD 16 ms à 12 ms. Tous les constructeurs reconnaissent ce défaut. Face à ça, ils tendent plutôt à recommander une extinction du moniteur sur une longue période, ou tout au moins un affichage d’images variées et la mise en place d’écrans de veille.

Pour avoir expérimenté le problème, on vous invite à suivre leur conseil ! Travailler avec un précédent plan en fond est très pénible, rageant. On focalise vite dessus. Et comme nous l’avons vu, rares sont les constructeurs à accepter de faire jouer la garantie en cas de problème.

On peut difficilement leur jeter la pierre : ce défaut n’est pas lié à un problème sur votre unité particulière, mais au principe de fonctionnement des dalles récentes. Si vous recommencez la même procédure sur la nouvelle unité, que vous affichez plusieurs jours la même image sans éteindre votre moniteur, vous risquez fort de connaître de nouveau le même problème. Du coup, les fabricants devraient préciser clairement dans la notice, voir sur l’emballage pour que vous ne puissiez pas le rater, que leurs écrans ne sont pas conçus pour afficher des images fixes sur de longues périodes et qu’il faut utiliser des écrans de veille pour éviter tout risque de marquage.

Et puis il y a la voix discordante, celle de Conrac, qui fabrique des écrans publics. Ils disent avoir découvert LA vérité mais ne veulent pas la partager. Dommage...

Toutefois, pour relativiser les risques encourus, on signale que nous avons affiché une image fixe sur plusieurs écrans TN, IPS et VA, dont le VX922 de ViewSonic. C’est sans doute l’écran sur lequel l’overdrive est le plus fort : c’est un 2 ms. Même après 48H sans rien changer, sans écran de veille ni mise hors tension, l’affichage est resté impeccable. Faut-il en plus que les composants s’usent, et que l’écran prenne un peu d’âge ? Dans le doute, activez la mise en veille du moniteur en cas de non utilisation prolongée. Ça fera du bien à votre écran, à la nature, à votre facture d’électricité...

Pour finir, un grand merci aux constructeurs qui, à l’exception de Conrac et HP, ont vraiment tous joué sans problème la carte de la transparence.