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Creative Labs Jukebox
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Publié le Vendredi 22 Septembre 2000 par Philippe Ramelet

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Page 1 - Introduction, Caractéristiques



Si vous deviez partir sur une île déserte avec un seul objet qu’emporteriez vous ? A moins d’être insensible à la musique, ce serait assurément un appareil de la trempe du Jukebox de Creative Labs. Ce lecteur MP3 portable de nouvelle génération permet en effet d’emporter l’équivalent de plus de 150 CD Audio soit une discothèque plus qu’honorable.

Caractéristiques

Creative Labs Jukebox

Caractéristiques

Genre

  Lecteur MP3 Portable

Constructeur

  Creative Labs

Stockage

  Disque Dur 6 Go

Entrées

  Line In

Sorties

  2 sorties stéréo avant et surround, sortie casque amplifiée

Fonctions

Formats fichiers

  AAC, WMA, WAV et  MP3 de 32 à 320 kbps

Support Variable
Bit Rate

  Oui

Egalisateur

  Basses, médiums, Aigus

Support Playlists

  Système propriétaire

Rapport Signal/Bruit

  >90 db

Disortion harmonique totale

  <0.1%

Fonctions encodage

  Format Wav uniquement

Son Surround

  EAX

Système anti-chocs

  8 Mo (5  minutes)

Fonction Hold

  Oui

Fonction Enregistrement Micro

  Format Wav sur HDD de 16 à 48 Khz 

Autonomie Théorique

  4 h

Alimentation

  Interne piles rechargeables et secteur

Couleur

  Argent ou Bleu

Prix

  3990 Frs

Comme l’indique ce tableau, les caractéristiques techniques du Jukebox sont pour le moins musclées, et son prix est en conséquence. Il intègre donc un disque dur 2.5’’ de 6 Go qui permet de stocker l’équivalent d’environ 150 CD Audio de 74 minutes encodés en Mpeg Layer III en 128 kbps. Il s’agit d’un disque formaté spécialement et supportant un choc de 150 G en fonction et de 190 G lorsqu´il est éteint. Donc si vous vous faites écraser par un 38 tonnes vos proches pourront toujours récupérer vos MP3 ... du moins en théorie. Devant le prix de petit bijou, nous n´avons pas osés vérifier les dires de Creative et n´avons pas procédé à l´expérience!  Ajoutez à cela le buffer de 8 Mo est vous pouvez courir et vous balader tranquillement sans risque de sautes lors de la lecture. Le Jukebox supporte, ou supportera en temps et en heure, tous les formats de fichiers musicaux tels que le MP3, l´AAC ou le WMA. Il se connecte sur le port USB et est piloté grâce au Play Center 2.0. Ce dernier est un logiciel qui sert à transférer des fichiers vers le Jukebox, à rapatrier les fichiers WAV eu encore à ripper des CD Audio vers le Jukebox au format désiré.  

Cotée entrées et sorties la bête est un des appareils portables non professionnel le mieux fourni qu´il m´ait été donné de voir. Jugez en par vous même, il intègre une sortie casque, une entrée pour l´enregistrement et surtout deux sorties avant et surround qui permettent de brancher un système d´enceintes 4.1! Car le jukebox est également doté d´un DSP inspiré du fameux E-Mu 10K1, celui la même qui équipe les cartes son SBLive!. On peut donc sortir un son sur 5 canaux différents et appliquer des effets de réverbération similaires à ceux implémentés en standard dans Liveware 3.0. Il est d´ailleurs possible d´assigner un environnement différent à chaque morceau lors de la compression ou lors du transfert vers le Jukebox. L´entrée vous permet de brancher le jukebox sur un micro ou bien sur une sortie de chaîne Hi-Fi par exemple. Attetion toutefois, le stockage se fait alors au format Wav, bien plus gourmand en espace disque que le MP3. Les fréquences d´enregistrement sont 48 Khz, 44.1 Khz, 32 Khz, 24 Khz, 22.05 Khz, 16 Khz, 12 Khz et 11 Khz en 16 bits, le tout en stéréo. Cela permet de stocker jusqu´à 10 heures de son en 44.1 Khz ou 40 heures en 11 Khz. En passant notons que le mode stéréo ainqi que la qualité d´enregistrement possible ne sont pas conformes à la compatibilité SDMI qui stipule qu´une telle fonction devra être limitée au son mono avec une dégradation (-3 dB à 100 Hz et -60 dB à 8 Khz). Mais je reviendrais plus tard sur ce qu´est le SDMI et ce que son support implique de bien et de mal pour des appareil portables audio tels que le Jukebox. Il intègre également un port USB ainsi qu´un port infra rouge, une télécommande dotée d´un écran LCD affichant l´ID Tag étant prévue en option.

L´encodage en MP3 s´effectue uniquement à partir du Play Center 2.0 fourni avec le Jukebox. Son interface est simple et ergonomique et sa prise en main demande une ou deux minutes d´adaptation pour en comprendre toues les subtilités.  Il permet d´encoder des CD Audio ou des Wav directement sur le Jukebox ou sur le disque dur. Play Center utilise le codec standard de Frauenhofer, détenteur du brevet du MP3. Le choix de l´encodage est vaste puisqu´il va de 32 à 320 kbps ou bien à débit variable avec un choix de qualité au pourcent prés. Notons au passage que le Play Center est aussi un lecteur de MP3 et de CD Audio est qu´il intègre un moteur d´accès à la base CDDB pour obtenir automatiquement le titre, le genre et l´auteur d´une piste audio. Le lien avec le jukebox s´effectue avec un câble USB, ce qui à priori est honorable du coté du débit mais parait tout de même un peu léger lorsqu´il s´agit de remplir un disque dur de 6 Go! On aurait aimé un port ethernet (le must) ou une entrée optique par exemple. Notons encore que dans la possibilité d´une entrée optique avait été étudiée par Creative mais que cela allait à l´encontre de la compatibilité SDMI. Même chose pour le transfert des MP3 qui ne peut aller que dans un sens, du PC vers le Jukebox et non l´inverse.



Page 2 - Le SDMI kézako?

Le SDMI kézako?

SDMI est le signe de Secure Digital Music Iniative. mais le sigle regroupe en fait une sorte d´association similaire au DVD Forum formée par pas moins de 175 sociétés dont notamment Adpatec, Yamaha, Hitachi, AT&T, Creative ou encore Guillemot, et également bien entendu des majors du disque comme EMI ou Sony Music. le but de cette association n´est pas de produire un format de fichier musical spécifique mais d´établir des règles de fonctionnement des appareils du type des lecteurs MP3 portables afin que le respect des droits d´auteurs soit assuré. Les 175 sociétés mettent ainsi leur savoir faire en commun afin de protéger le porte monnaie de Britney Spears ou de Francis Cabrel ainsi que celui de leur maisons de disques respectives. Jusque là rien d´extraordinaire ni de choquant et qui ne peut à priori qu´aider les magasins et les maisons de disques à vendre de la musique en ligne, ce qui représente l´avenir est la condition sine qua non de survie de ces dernières. Le problème, à mon sens, est que les règles jusqu´alors établies par le SDMI sont excessivement rigides et vont à l´encontre des droit individuels et de la propriété privée. En effet, si les appareils à venir du type du Jukebox respectent l´intégralité des desiderata de la compatibilité SDMI nous allons nous retrouver avec de superbes lecteurs bourrés de technologie mais offrant moins de liberté qu´un simple walkman cassette à 99 Frs. Voici, afin que vous puissiez en juger par vous même un extrait traduit du data sheet d´introduction aux spécification SDMI :

- Un fichier compatible SDMI est astreint à certaines règles en terme de copie et du nombre de fois qu´il peut être joué (peut être fixé sur une infinité)
- Une solution compatible SDMI doit être composée de deux éléments absolument séparés, le Compressed Audio Server (ou LCM pour Compressed Compliant Module) et le Compressed Audio Client (ou PD pour Portable Device).
- Les transferts de contenu audio sont en sens unique serveur à client.
- Tout contenu doit être compatible SDMI 
- Un lecteur SDMI 1.0 (le rêve de tout bureaucrate SDMImaniaque) ne doit pas accéder de contenu non protégé 
- Tout média inséré dans le lecteur doit être compatible SDMI
- L´extraction d´un média amovible est permise uniquement si les fichiers présents sur le médias ont un nombre de copies autorisées supérieur à zéro
- Un lecteur ne peut recevoir de contenu que de la part d´un appareil intégrant le SDMI
- Tout enregistrement devra être limitée au son mono avec une dégradation (-3 dB à 100 Hz et -60    dB à 8 Khz) et être converti à la compatibilité SDMI
- Le contrôleur du lecteur portable doit être absolu fermé et encrypté afin de protéger l´algorithme de protection

Voilà un court et édifiant extrait de ce que nous prépare l´avenir en termes de protection des droits d´auteurs et de restrictions des droits de l´utilisateur. Il est clair que l´anarchie actuelle en terme de facilité de copies et de downloads risque à terme de porter préjudice aux artistes mais il me semble qu´il existe un juste milieu  entre la dictature et l´anarchie. Partant du principe que ce n´est pas tant les libertés qu´on a mais ce que l´on en fait qui compte, le SDMI pourrait se permettre un brin de souplesse supplémentaire. Et peut être réinventer le mode de distribution de la musique tout en acceptant l´inévitable, c´est à dire l´échange gratuit de la musique entres les personnes proches.

Car si l´on s´en tient à aux règles strictes exposées ci-dessus cela fait régresser le champs d´utilisation de nos appareil portables (chers payés) en deçà de ce que l´on peut faire avec un walkman muni d´un microphone ou d´une chaine Hifi dotée d´une platine CD et d´un lecteur enregistreur de cassettes. Or il me semble que jusqu´à présent l´industrie du disque n´est pas à proprement parler sur la paille est qu´elle ne fais que nous refaire le coup éculé du cri au loup dés qu´un nouveau support ou format de fichier apparaît sur le marché. Sauf qu´ils doivent en plus rattraper en route un train à grande vitesse nommé Internet et ses wagons de MP3. Nos parents ont connu les joies des premières cassettes audio enregistrables sans pour autant tuer EMI, Sony ou Virgin qui gonflent leurs ventes et leur bénéfices chaque année, pourquoi en venir tout à coup à une régulation stricte?

D´après les simples extraits ci dessus cela signifie par exemple qu´un musicien créant de la musique sur son PC ne pourra pas l´exporter sur un lecteur portable SDMI 1.0, ce qui n´est heureusement pas le cas sur le Jukebox. A moins que le process de watermark du fichier soit accessible par les utilisateurs finaux? On en doute étant donné que cela permettrait sans difficulté de contourner la protection sur tous les autres fichiers. Pour finir, le Jukebox n´est apparemment que partiellement touché par les règles très rigides du SDMI car il accepte toute forme de contenu, licite ou non. Il est toutefois dommage qu´un appareil aussi sophistiqué que le Jukebox ne soit pas aussi capable d´enregistrer dans son format de prédilection et qu´il ne puisse pas échanger d´autres fichiers que des wav non compressés. Notons enfin que le groupe SDMI avait mis jusqu´au 15 septembre au défi la "communauté des hackeurs" de décoder son algorithme de protection et fixé un prix de 10 000$ que recevrais la première personne réussissant cet "exploit". Cette provocation un peu ridicule était surtout un moyen détourné de voir avant le lancement du SDMI quelles pouvaient être les failles (il y en a toujours) de sa technologie. Les réactions ont été nombreuses et la plus remarquable est celle du  LinuxJournal  qui a appelé au boycott de ce concours.



Page 3 - Utilisation et Impressions, Conclusion

Utilisation et Impressions

Les tests du Jukebox de Creative Labs ont été réalisés avec la configuration suivante :

- Processeur Celeron 600
- Carte mère Asus CUV-4X
- 128 Mo de mémoire vive

- Carte son Sound Blaster Live!
Player

- Lecteur CD Sony 48X CDU4811
- Casque Audio SennHeiser Symphony HD 570

Le Jukebox est muni des 4 boutons nécessaires à tout lecteur de musique (play, stop, avant, arrière), deux boutons nommé LIB (pour librairie) et EAX qui accèdent respectivement à la liste et au moteur de recherche des titres et albums et au panneau de configuration du Jukebox. On notera le seul point faible du système: il n´est en effet pas possible d´avancer et de reculer rapidement dans un morceau lors de la lecture. Et enfin 3 boutons supplémentaires de navigation dont les fonctions varient selon la fenêtre dans laquelle on se trouve. L´écran LCD monochrome est de taille confortable et permet un confort de navigation et de visualisation des fichiers très appréciables. La navigation est d´ailleurs aisée et Creative a apparemment pris très soin d´un tas de détails et a pousser la perfection jusqu´à ajouter un moteur de recherche par auteur, par album ou par titre. Ce qui par ailleurs est fort bienvenu lorsque l´on a plus de 1000 chansons sur le disque dur! On notera la facilité de création de la playlist active ainsi que des playlists enregistrées qui sont un modèle du genre (encore plus simple que Winamp). Le panneau de configuration permet de paramétrer un bon nombre d´options relatives aux environnements 3D, à l´égalisateur de bandes, au propriétés d´enregistrement, à l´espace disque disponible et intègre même une fonction de vitesse qui permet de ralentir ou d´accélérer la lecture d´un facteur allant de 0.5X à 1.4X par incréments de 0.1X.

Le rip et le transfert d´un CD Audio de 74 minutes à partir du Play Center vers le jukebox prend 5 minutes et 20 secondes sur le Celeron 600 accompagné du lecteur CD IDE 48X Sony (fichiers encodés en 128 kbps). L´album ainsi compressé occupe ensuite environ 40 Mo d´espace sur le disque dur ce qui permet au total de transférer 150 CD Audio sur le Jukebox. Evidemment, à coup de 5 minutes 20 secondes par album et en comptant 30 secondes d´intervalle entre chaque CD pour enlever le Cd et en insérer un autre et accéder à la base CDDB cela fait tout de même la bagatelle de 15 heures de rip de CD Audio non stop avant de venir à bout du Jukebox! Les performances seront évidemment variables selon les machine et à mon avis il faudrait un bon PIII 800 accompagné d´un lecteur CD Plextor 40X ou Kenwood 72X (si vos CD sont neufs)  pour atteindre une vitesse de transfert optimale. Notons enfin que le test d´autonomie s´est relativement bien passé et que le Jukebox avec les batteries à 100% a lu en boucle des MP3 pendant 3H30, ce qui représente une demi heure de moins que l´autonomie théorique. Etant donné qu´il s´agit d´une préversion de la bête on peut espérer que cela sera légèrement amélioré mais c´est déjà une performance si l´on prend en compte le fait qu´il s´agit d´un disque dur et non d´un support amovible.  

Le Jukebox qui m´a été prêté n´était pas fourni avec un casque car le design de ce dernier n´était pas encore finalisé mais on peut gager qu´à ce prix là Creative labs ne fera pas de petites économies. Vu la qualité de fabrication du Jukebox je ne pouvait donc que le tester avec un casque de qualité, à savoir le HD 570 Symphony de SennHeiser. La sortie casque est amplifiée et on trouve juste à coté d´elle la molette de réglage du volume. Le son est d´excellente facture, digne d´un bon lecteur MiniDisc. Toutes les gamme de fréquences sont bien rendues, des basses aux aigus en passant par les mediums. N´oubliez d´ailleurs pas l´égalisateur de fréquences qui permet de régler chaque bande selon vos goûts. J´ai également testé le jukebox en reliant ses deux sorties analogiques à des ACS 56 d´Altec Lansing afin de tester le son surround. Bien sur, pour réellement en profiter il faudrait avoir la possibilité d´encoder les MP3 sur deux canaux avant et arrière facilement. Mais je peux affirmer que rien q´un simple stéréo panning donne déjà un effet très agréable et impressionnant. Ajoutez à cela les effets d´environnements qui vous convienne et vous avez une véritable chaîne Hi-Fi de 400 grammes avec son Surround et DSP d´effets spéciaux entre les mains, discothèque comprise !  

Pour Conclure...

Si vous cherchez un lecteur MP3 qui vous rappelle à tous moments que nous sommes en train de passer au 3eme millénaire, le Jukebox de Creative Labs est ce qu´il vous faut. Il ne préfigure qu´à peine ce que nous pourrons avoir dans quelques années mais représente déjà une petite révolution dans le monde de l´audio numérique personnelle. A quand le Jukebox avec modem et port ethernet intégré, port pour carte de crédit et le rack pour le transformer en autoradio? Pour bientôt je l´espère mais en attendant les tech junkies et les mélomanes un poil fortunés pourront se faire les dents sur le Jukebox qui représente ce qui se fait de mieux en matière de lecteur audio numérique portable. Bien sur on pourra lui reprocher son prix élevé mais c´est sans compter la technologie qu´il embarque ainsi que ses capacités multiples et variées. Au final, on peut espérer voir le prix d´un tel appareil ou de son successeur baisser rapidement dans les années qui suivent et voir dans le Jukebox un pionnier dont on ne peut que célébrer l´arrivée.

Creative Labs Jukebox

Note Globale :

+ MP3 - Prix !

7.5 / 10

+ Disque dur de 6 Go! - Limitations SDMI
+ Qualité générale  
+ EAX
+ Innovation


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