Intel Core i9-7900X et Core i7-7740X en test : déjà-vus ?

Publié le 29/06/2017 par
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Habituellement les lancements des plateformes Intel haut de gamme sont sans grande surprise, reprenant les architectures précédemment introduites sur le grand public en en amplifiant les bénéfices via le nombre de coeurs, canaux mémoires, lignes PCIe ou encore la taille des caches. Il n'y a ainsi pas grand-chose à critiquer sur le plan purement technique, au contraire du marketing qui se faisait plaisir tant que le tarif que sur la segmentation à outrance. Cette fois, il n'en est rien.

Car alors que l'on s'attendait à ce que Skylake-X suive la recette assez classique utilisée par Intel ces dernières années pour sa plateforme desktop haut de gamme, le constructeur a décidé d'effectuer de gros changements. Un L2 plus gros, le passage à un cache L3 de type victime, et l'arrivée d'un nouveau type d'interconnexion (de type mesh) avaient attirés notre curiosité.

En pratique, la latence des caches, en hausse, et la bande passante en baisse par rapport à la génération précédente nous rendent quelque peu perplexes sur les choix effectués par le constructeur. Et les résultats pratiques obtenus dans les jeux nous déboussolent.

Le constructeur devra se poser des questions sur ce nouveau choix d'interconnexion et savoir s'il était, oui ou non, le choix le plus adapté pour une plateforme desktop mise en avant auprès des joueurs, en tout cas dans son implémentation actuelle qui semble clairement être limitante.

Et c'est peut être ici qu'Intel touche les limites de sa stratégie qui vise à utiliser les mêmes dies pour sa gamme Xeon et pour sa gamme desktop haut de gamme. Les choix effectués pour l'un, dans le but de monter toujours plus le nombre de coeurs, se ressentent aujourd'hui nettement sur l'autre.

Et très franchement, il nous est difficile de ne pas faire un parallèle avec la situation du lancement de Ryzen. Il y a bien entendu un certain nombre de choix techniques proches qui n'ont pas manqué de nous interpeler : L2 plus large, L3 type victime, un nouveau type d'interconnexion et des latences en hausse. Des causes similaires qui produisent des effets proches : une grande partie des tests qui ne réussissaient pas à Ryzen ne réussissent pas non plus particulièrement aux nouveaux Skylake-X.

Mais c'est aussi les raisons derrière ces choix qui sont communes. Dans le cas d'AMD, c'est avant tout une question de moyens limités qui a poussé le constructeur à développer un die unique, pour le décliner à toutes les sauces, de discutables « portables » à une gamme desktop large, jusque des versions serveurs 32 coeurs en utilisant 4 dies sur un même package ! Un choix de nécessité qui a imposé des concessions et avec elles, des conséquences.

Voir Intel, dont les moyens sont « différents », se retrouver par ses choix effectués souffrir de conséquences similaires pour une partie importante des usages visés par sa plateforme - les jeux - est plus compliqué à justifier. Particulièrement quand ces processeurs doivent faire suite à un Broadwell-E très à l'aise sur le sujet, et accompagner l'actuelle plateforme LGA 1151 qui brille amplement sur ce terrain… et bénéficiera prochainement d'un passage à 6 coeurs.

Si l'on tente de faire fi de ces choses, le Core i9-7900X propose tout de même un bond en avant de 11.4% sur le plan applicatif en moyenne par rapport à son prédécesseur, ce qui reste une excellente performance. Le fait qu'il soit significativement plus abordable avec un prix public qui redevient plus « raisonnable » (il faut toujours compter un peu plus de 1100 euros… contre 1800 euros précédemment !) compenserait presque le déficit noté dans les jeux. Ou le surplus de consommation - net- noté par rapport à son prédécesseur.

Mais la grille de lecture a aujourd'hui changée pour Intel qui doit de nouveau accepter la comparaison face à son concurrent. Et l'arrivée des Ryzen 7 1800X complexifie quelque peu la situation pour la nouvelle gamme du constructeur. Alors certes, l'écart applicatif reste net pour ce modèle 10 coeurs face au plus gros Ryzen disponible aujourd'hui, mais ce dernier fait légèrement mieux en moyenne dans les jeux pour la moitié du prix, quelque chose qui ne rendra pas forcément la comparaison très favorable pour les déclinaisons 8 et 6 coeurs de l'architecture Skylake-X que nous n'avons pas encore testées. Sur le pur plan applicatif, il faudra attendre l'arrivée de ThreadRipper pour pouvoir faire une comparaison à prix ou caractéristiques équivalentes.


A gauche le Core i7-7740X, à droite le Core i9-7900X

On terminera au final par le cas du Kaby Lake-X dont, pour être honnêtes, nous n'attendions pas grand-chose. Il faut dire que ses caractéristiques ne semblaient pas révolutionner le genre. En réutilisant le die des Kaby Lake classiques dans un socket différent, le tout avec un écart de fréquence assez léger, on s'attendait à une prestation proche. C'est ce que l'on a eu en applicatif et aussi en jeux. Ce léger avantage permet au 7740X d'être, bon gré mal gré, le meilleur processeur d'Intel aujourd'hui dans les jeux dans notre protocole.

Côté prix, le 7740X est sensiblement équivalent au 7700K, mais le cout de la plateforme est tout autre avec des cartes mères à plus de 250 euros alors qu'on ne profitera pas d'une partie de leurs fonctionnalités avec un Kaby Lake-X. Difficile donc de justifier cette différence par rapport au LGA 1151 qui dispose d'options nettement plus abordables pour y accueillir un 7700K, ce qui rend l'acquisition d'un Kaby Lake-X peu justifiable.

Bousculé par AMD avec le lancement de Ryzen, mais aussi celui à venir de ThreadRipper qui est à l'origine des versions 14 à 18 coeurs de Skylake-X, la réponse apportée par Intel n'est donc pas pleinement convaincante et il semble urgent d'attendre, pour qui voudrait un tel niveau de performance applicatif, de voir ce que vaudra le nouveau venu d'AMD. Et en ce qui concerne plus spécifiquement les performances en jeu, les regards se porteront désormais vers Coffee Lake et ses 6 coeurs en LGA 1151.

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