AMD A8-3850 et A6-3650 : Le pari APU

Tags : AMD; AMD A-Series; FM1; Llano;
Publié le 30/06/2011 (Mise à jour le 22/07/2011) par
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L'introduction des l'APU A8-3850 et A6-3650 nous laisse sur certains points circonspects. Bien entendu il y a de bonnes nouvelles. D'abord l'arrivée, enfin, de processeurs 32nm chez AMD, mais aussi celle d'un nouveau contrôleur mémoire beaucoup plus efficace et capable d'utiliser correctement de la mémoire DDR3 rapide. On peut également se réjouir de voir la présence d'une consommation de la plateforme FM1 au repos très basse, en dessous de la plateforme équivalente Intel.

Malgré cela, sur les performances processeur pures, les APU payent une fréquence relativement modeste (2.9 et 2.6 GHz), une absence de mode Turbo, ainsi qu'une architecture K10.5 qui fait son dernier tour de piste. Face à l'offre d'Intel, AMD arrive à rivaliser dans les applications très fortement multithreadés ou les quatre "vrais" cœurs font généralement mieux que les puces double cœurs avec Hyperthreading d'Intel. Mais lorsque la puissance sur moins de cœurs est nécessaire, par exemple dans les jeux, l'offre d'Intel domine.


Bien sûr l'APU n'est pas qu'un CPU et sur le plan du graphisme intégré AMD creuse un gros écart puisque le HD 6550D fait souvent deux fois mieux que le HD 3000 intégré au Core i3-2105, le meilleur du graphisme proposé actuellement par Intel. C'est certes mieux, mais dans de nombreux titres cela ne suffit pas forcément à jouer en résolution native sur un écran en 1920 par 1080 (qui représente la majorité de ce qui se vend aujourd'hui), et mêmes sur certains en 1280 par 720, même en baissant les détails au minimum. Le HD 6530D de l'A6-3650 cède de son côté entre 15 et 20% de performances à l'A8 ce qui est souvent assez significatif dans les jeux, limitant la souvent la jouabilité en dessous de l'acceptable. Si il y a progrès net, et l'on se félicite toujours de tout ce qui peut aider à la mise à mort des cartes graphiques d'entrée de gamme dont les performances sont bien souvent honteuses (les partenaires d'AMD et Nvidia essayant de tirer les prix au plus bas sur ces modèles en sacrifiant les caractéristiques déjà modestes), on reste tout de même à un niveau de performances qui ne mérite pas vraiment que l'on parle de "discrete class graphics". Et qui de facto restera limitant pour qui veut jouer.

L'absence d'applications OpenCL qu'AMD appelle pourtant de ses vœux (voir notre couverture de l'AFDS) ne joue pas non plus en la faveur de ces APU qui, bien qu'en retard, sont encore en avance sur l'écosystème logiciel qui se contente pour l'instant d'applications peu probantes (voir notre dossier sur l'encodage vidéo accéléré).

Quand au Dual Graphics, ou Hybrid Crossfire, son rendement dépend fortement des jeux utilisés, et comme toujours des mises à jours de pilotes pour les profils (les profils CAPs sont heureusement communs à ceux utilisés pour Crossfire traditionnel). Sans surprise, plus l'écart de performance entre l'IGP et la carte graphique est élevé et plus le rendement peut être faible, voir assez souvent tout de même négatif. La complexité nécessaire pour brancher correctement l'écran sur la carte graphique est un point qu'AMD devra rapidement corriger.

Dès lors on peut se demander quels utilisateurs sont ciblés par ces nouveaux APU, et particulièrement les modèles lancés aujourd'hui. Car si l'on imagine par exemple l'utilisation d'un A4 (les modèles double cœurs, non encore lancés) qui prendra parfaitement place dans un PC de salon ou d'entrée de gamme, l'A8-3850 se retrouve dans une position plus délicate. Avec un prix annoncé à 130 euros, il se retrouve concurrencé, chez AMD même, par le bien plus véloce Phenom II X4 965 (3.4 GHz, cache L3). Ce dernier est certes dépourvu de graphique, mais on peut le lier à une carte mère 890GX si l'on ne souhaite pas jouer. Et pour jouer, même modestement, il faudra de toute façon investir dans une carte dédiée. L'A6-3650 se retrouve dans une situation similaire, concurrencé par le Phenom II 955 dont le prix a été sacrifié par AMD ces derniers mois. Par des positionnements tarifaires un peu haut et des compromis aussi bien côté processeur que graphique, les A8-3850 et A6-3650 sont des processeurs touche à tout qui devraient surtout séduire les OEM. On attendra donc avec impatience que le reste de la gamme APU Llano se décline.

Quid de l'avenir à plus long terme ? Avec l'APU, AMD joue gros et est le premier à associer un GPU si puissant avec un CPU, une évolution (voire une révolution!) qui ne peut qu'être saluée. Plus convaincante en l'état pour les PC portables que pour les PC de bureau, cette gamme d'APU devrait évoluer rapidement. Dès 2012, nous devrions voir débarquer Trinity, qui embarquera des cœurs Bulldozer côté CPU ainsi qu'un GPU annoncé comme 50% plus puissant. Combiné à des applications OpenCL qu'on espère plus nombreuses, Trinity fera-t-il de 2012 l'année APU ?
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